Pendant que les négociations se poursuivent entre civils et militaires pour la mise en place d’un conseil conjoint qui gouvernera le pays durant la transition politique, devant le quartier général de l’armée, les manifestants continuent leur mobilisation. Ils sont des milliers jour et nuit à occuper un espace de plusieurs kilomètres carrés, et ce sit-in dispose même maintenant d’une radio.
Dans la Maison des étudiants de l’université de Khartoum, en face du quartier général de l’armée, se trouvent les studios de Radio sit-in. Une salle, quelques tables en bois et pour tout le reste, il y a Yousif, ingénieur du son et surtout débrouillard.
« C’est mon équipement. Je l’ai amené ici pour aider les manifestants. Ça, c’est un ampli – comme pour les musiciens – et ça c’est pour la voix. J’ai installé des haut-parleurs dehors. J’ai aussi une petite table de mixage pour passer de la musique. Et voilà, c’est tout », explique-t-il.
Dès le début du sit-in, la radio s’est mise en place. Abderahmane Mohamed Abbas coordonne le projet. « Cette radio émane d’une idée collective. D’abord on sensibilise les gens aux manifestations, on les informe des avancées politiques, des déclarations de la Coalition civile, des négociations et puis on invite des artistes à venir s’exprimer. On est là pour être la voix des manifestants », précise-t-il.
La radio n’émet que sur l’espace du sit-in. Une bulle de liberté de quelques kilomètres carrés. Asma Ismaïl est chercheuse en sciences politiques et animatrice radio à ses heures. « On a subi un seul président et un seul régime politique pendant longtemps. On essaie d’occuper un espace que le gouvernement nous avait pris. On réclame notre place dans les médias. On essaie de faire sauter ces petites boîtes et ces prisons où l’on nous avait enfermés. Il y a encore du travail mais oui, on se sent un peu plus libres aujourd’hui », estime-t-elle.
Grâce à ses volontaires, Radio sit-in émet 24 heures sur 24 car la voix de la révolution ne peut pas s’éteindre.
RFI