Le service politique d’un grand journal qui démissionne en bloc par solidarité avec deux reporters renvoyés par leur direction. C’est ce qui s’est passé lundi 20 mai, en Russie, au sein du journal Kommersant, l’un des quotidiens les plus connus et les plus respectés du pays.
Tout est parti d’un article publié en avril consacré à la présidente du Sénat russe, considérée comme une proche de Vladimir Poutine. Les auteurs de l’article y affirmaient que le président russe envisageait de remplacer Valentina Matvienko à la tête de la chambre haute.
Selon l’un des journalistes licenciés par la direction de Kommersant, c’est cet article qui aurait suscité la fureur du principal actionnaire du journal, l’oligarque Alicher Ousmanov. Deux journalistes sont alors poussés à la démission, mais dans l’heure qui suit, c’est l’ensemble du service politique du journal qui annonce son départ.
Au total, ce sont treize journalistes qui vont quitter la rédaction. Un départ massif qui témoigne de l’émoi suscité au sein du journal, par ce qui est considéré comme un intolérable acte de censure.
Ces journalistes rejoindront le très grand nombre de journalistes russes qui ont dû quitter leurs médias ces dernières années parce qu’ils estimaient ne plus pouvoir travailler de façon indépendante. Conclusion désabusée du site indépendant Meduza, basé à l’étranger pour échapper justement à ce genre de pressions : « Le journalisme en Russie perd des professionnels à une vitesse incroyable ».
rfi