Pour la première fois, une étude menée à l’échelle d’un pays montre une dégradation importante de la qualité spermatique ; 60 % des jeunes Suisses sont en dessous des références de l’OMS.
« Le sperme suisse est de mauvaise qualité ». L’alerte est parfaitement sérieuse. Elle est donnée par des chercheurs de l’université de Genève dans une étude publiée mercredi 22 mai par la respectée revue Andrology. Les résultats « inquiètent » les auteurs : 60 % des jeunes Helvètes ont des paramètres spermatiques (concentration, mobilité et morphologie) inférieurs aux références de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ils confirment une tendance mondiale : la dégradation de la qualité du sperme. La concentration de spermatozoïdes a chuté, en moyenne, de 99 millions par millilitre (ml) à 47 millions par ml en cinquante ans dans les pays industrialisés. Des travaux précédents, conduits par l’ex-Institut de veille sanitaire (InVS, intégré dans l’Anses), avaient ainsi montré que celle-ci avait reculé d’environ 32 % entre 1989 et 2005 pour les Français.
« En queue de peloton » européen
L’originalité de l’étude suisse réside dans le fait qu’il s’agit de la première menée au niveau d’un pays et sur une cohorte de jeunes hommes considérée comme représentative de la population générale. Les études précédentes ne dépassaient pas l’échelle d’une ville ou d’une région ou se fondaient sur des registres d’assistance médicale à la procréation.
Pour éviter ce biais, les chercheurs genevois se sont appuyés sur la conscription, toujours en vigueur de ce côté des Alpes. Au total, ils ont pu étudier le profil de 2 523 conscrits entre 2005 et 2017, provenant de tous les cantons et tous nés et conçus en pays helvète.
Que montrent les résultats ? D’abord, qu’avec une concentration médiane de spermatozoïdes estimée à 47 millions par ml, « le sperme suisse est en queue de peloton » européen, résume les auteurs.