Pour la première fois dans son histoire récente (depuis 1945) l’Autriche sera gouvernée par une chancelière : le président Van der Bellen a en effet nommé hier une femme à ce poste. Elle doit former un gouvernement chargé de mener les affaires du pays jusqu’aux élections anticipées prévues au mois de septembre. Le maître mot étant de « rétablir la confiance ».
Brigitte Bierlein a l’habitude d’être la première : en février 2018 déjà, cette juriste de bientôt 70 ans est devenue la première femme à présider la Cour Constitutionnelle après en avoir été la première vice-présidente. Énergique, elle a la réputation d’être conservatrice tout en ayant un esprit ouvert. Et ses qualités de dialogue sont louées par ses collègues.
Pour comprendre le choix du président Van der Bellen, il faut rappeler que l’Autriche vit une crise politique grave depuis deux semaines. Le 17 mai, deux journaux allemands publient une vidéo tournée clandestinement à Ibiza où l’ont voit le chef du parti d’extrême droite FPÖ, le vice-chancelier Strache, proposer des marchés publics à une femme présentée comme la nièce d’un oligarque russe, en échange de son soutien à son parti. Il lui propose aussi de racheter des parts importantes du quotidien le plus influent du pays. Strache démissionne aussitôt et dans la foulée, le chancelier, le conservateur Sebastian Kurz, limoge aussi son ministre de l’Intérieur controversé d’extrême droite. Sur ce, tous les ministres FPÖ démissionnent et la coalition entre conservateurs et extrême droite éclate après avoir été seulement un an et demi en fonction.
Des élections anticipées en septembre
Nouveau coup de théâtre : le gouvernement de transition formé par le chancelier Kurz à la demande du président est renversé par une motion de censure avec les voix des sociaux-démocrates et de l’extrême droite. Et ce, au lendemain de la très large victoire de Sebastian Kurz et de son parti conservateur aux élections européennes : ils obtiennent plus de 35% des voix, un score qualifié d’« historique ». Une victoire qui est surtout due à la popularité de Sebastian Kurz. Une large majorité des Autrichiens était d’ailleurs contre sa destitution par le Parlement, selon un sondage.
Une première historique
Dans le contexte des événements récents, jamais dans l’histoire de l’Autriche un gouvernement n’a été renversé par le Parlement, il s’agit surtout pour le président de retrouver la confiance. D’où son choix d’une chancelière qui ne soit pas issue d’un parti. Elle doit d’ailleurs former un cabinet de technocrates pour éviter les clivages politiques. Un cabinet qui restera en fonction jusqu’à la formation du nouveau gouvernement issu des élections.
Rfi