États-Unis: violences à Memphis après la mort d’un Noir abattu par la police

De violents incidents ont éclaté à Memphis dans la nuit de mercredi à jeudi après la mort d’un étudiant Noir tué par la police. La police assure que la victime était recherchée et aurait constitué une menace au moment de son interpellation. Une version qui ne convainc pas les habitants de son quartier.

Après les violences de la nuit, le calme semblait revenir jeudi matin dans ce quartier de Memphis bouclé par la police. Jusque tard dans la nuit, plusieurs centaines de jeunes se sont heurté aux forces anti-émeute, jets de pierre contre gaz lacrymogènes. Au final, 24 agents ont été blessés, dont six hospitalisés, et plusieurs de leurs véhicules endommagés. Deux journalistes ont également été blessés, a annoncé Jim Strickland, le maire de la ville, qui n’a pas précisé combien de manifestants avaient été blessés ou interpellés.

Les manifestants du quartier résidentiel de Frayser demandent des comptes après la mort d’un des leurs, Brandon Weber, âgé de 20 ans, tué par des agents devant chez lui d’une vingtaine de coup de feu, selon sa famille. La victime, assure la police, faisait l’objet de 11 mandats d’arrêt pour des délits présumés allant de la conduite sans permis et sans ceinture au port d’arme illégal et au trafic de cannabis. Selon le bureau d’enquête du Tennessee, au moment de son interpellation vers 19h, le jeune homme représentait une menace car il aurait foncé avec sa voiture sur celle des agents et en serait sorti avec une arme. Mais aucune vidéo ne permet de confirmer cette version, précise notre correspondant à San Francisco, Eric de Salve.

À mesure que l’annonce de la mort du jeune homme s’est propagée, une foule de près de 300 personnes s’est réunies dans les rues. Certaines d’entre elles ont jeté des projectiles en direction de la police tandis que des policiers équipés de tenues antiémeutes tentaient de les disperser en faisant usage de gaz lacrymogènes. Les affrontements ont duré une partie de la nuit.

Les hommages en faveur de la victime se multiplient depuis sur les réseaux sociaux. Étudiant à l’université, Brandon Weber était père d’un enfant de deux ans, et attendait la naissance d’un second. Son ancien proviseur de lycée le présente d’ailleurs comme un élève talentueux et travailleur. « Sa mort, dit-il, me brise le cœur ».

Ces incidents rappellent ceux qui se sont produits à plusieurs reprises ces dernières années en réaction à des violences policières, comme ce fut le cas en 2014 à Ferguson, dans le Missouri, après la mort de Michael Brown et l’éclosion du mouvement Black Lives Matter.

rfi