Mobilisation massive, ce dimanche, à Hong Kong. Malgré la suspension du projet de loi sur les extraditions vers la Chine, près de deux millions de personnes ont défilé dans la ville, selon les organisateurs. Les autorités ont évoqué un chiffre en dessous de 350 000 participants. Les contestataires réclamaient des excuses de Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif. Excuses qu’ils ont obtenues. Ils souhaitaient également l’abandon définitif de ce projet de loi. En le suspendant, Carrie Lam a aussi répondu (au moins temporairement) à une attente des milieux d’affaires.
Ce projet de loi inquiète juristes, militants, diplomates mais également des capitaines d’industries et des Chambres de commerces. Celle des Etats-Unis par exemple, s’en est ému, tout comme l’Union européenne. Des économistes n’excluent d’ailleurs pas qu’une partie du resserrement des liquidités à Hong Kong soit imputable à des retraits d’argents d’investisseurs étrangers.
Au cœur des préoccupations : l’idée que Pékin puisse poursuivre des Hongkongais mais également des étrangers au sein de la ville semi-autonome ou même des voyageurs en transit à l’aéroport. Stephen Innes, analyste de Vanguard, a averti que ce projet aurait « certainement miné l’Etat de droit et l’autonomie de Hong Kong » vis-à-vis de la Chine à laquelle elle a été rattachée en 1997 après plus d’un siècle passé dans le giron britannique. Or, « c’est l’un des piliers de la prospérité financière de Hong Kong. »
L’affaire des deux ressortissants canadiens, dont un homme d’affaires, arrêtés dans la foulée de l’interpellation d’une dirigeante de Huawei au Canada est encore fraîche. De quoi faire réfléchir les investisseurs tentés par l’aventure chinoise.
Des députés pro-Pékin avaient même fini par prendre leurs distances avec le texte de peur que cela ne porte atteinte à l’environnement économique de Hong Kong. Une détérioration de l’économie de la ville semi-autonome ne serait pas une bonne nouvelle pour la Chine continentale. Hong Kong est une porte d’entrée vers l’économie chinoise.
Investissements en provenance de Hong Kong
La Bourse de Hong Kong qui a récemment changé son règlement attire les entreprises chinoises qui veulent être cotées. Dernier exemple en date, selon Reuters, le groupe chinois Alibaba, qui avait fait son entrée sur les marchés à Wall Street, a déposé une demande de cotation secondaire à la Bourse de Hong Kong. Cette dernière peut aussi être un trait d’union entre les placements internationaux et la Chine. Depuis quelques années, une interconnexion a été établie entre les bourses de Hong Kong et celles de Shenzen et Shanghai.
Par ailleurs, c’est par Hong Kong que passent une partie des investissements. Hong Kong est en effet à l’origine de 72% investissements directs étrangers en Chine, très loin derrière Singapour ou les Iles Vierges avec 3% chacun.
Enfin, Hong Kong joue un rôle important dans l’internationalisation du yuan, la monnaie chinoise. Elle est le premier centre du Renminbi offshore.
Exposition à l’économie chinoise
Cela implique que l’économie de Hong Kong est vulnérable face aux soubresauts de la Chine.
L’économie hongkongaise se porte globalement bien, un taux de chômage très faible. Le PIB a augmenté de 3% l’an dernier mais cela marque un ralentissement de la croissance qui s’était établie à 3,8 % l’année précédente. Et les analystes s’attendent à ce que 2019 s’inscrivent dans la même dynamique. Des résultats liés au ralentissement de l’économie chinoise. Hong Kong est aussi particulièrement exposée aux conséquences de la guerre commerciale sino-américaine : ce sont ses deux principaux partenaires commerciaux.
Hong Kong est aussi liée aux Etats-Unis sur le plan monétaire, le dollar hongkongais étant arrimé au dollar américain.
Rfi