L’arrestation dimanche en Allemagne de Carles Puigdemont, l’ancien chef de l’exécutif catalan (qui avait organisé le référendum d’autodétermination du 1er octobre, interdit par Madrid, et qui s’était réfugié de la justice pendant 5 mois en Belgique) peut être vue comme un coup très dur pour les indépendantistes catalans. Tous leurs dirigeants sont poursuivis par la justice.
Tous les dirigeants importants, tous ceux qui ont conçu le défi de divorcer de l’Espagne, tous ceux qui avaient organisé le référendum d’autodétermination puni par Madrid sont aujourd’hui tous pris dans l’étau judiciaire. Concrètement, pas moins de 22 personnalités sont actuellement mises en examen. Parmi eux, douze le sont pour « rébellion » contre l’Etat, qui est une charge gravissime, la plus grave de toutes, qui peut valoir jusqu’à trente ans de prison. Carles Puigdemont fait partie de ses douze. Tous sont placés en liberté conditionnelle ou en détention provisoire. Les six autres se sont réfugiés à l’étranger, en Suisse, en Belgique et en Ecosse.
Les indépendantistes à la tête de la Catalogne
Logiquement, ce devrait être aux indépendantistes de diriger la Catalogne, mais il y a deux problèmes de taille qui les empêchent de gouverner. Le premier, le plus important, c’est que tous leurs candidats naturels, au premier chef Puigdemont, sont mis en examen et poursuivis par la justice. Donc c’est impossible, car la justice espagnole ne peut pas l’accepter, le gouvernement Rajoy non plus. Le second problème, c’est qu’il y a des divisions au sein du camp indépendantiste. Il y a un secteur pragmatique qui est prêt à présenter un candidat vierge d’un point de vue judiciaire ; et de l’autre un camp jusqu’au-boutiste qui veut maintenir le bras de fer avec Madrid.
Puigdemont toujours aussi important
Officiellement, Carles Puigdemont est toujours le candidat des séparatistes. En réalité, son proche avenir judiciaire va être important. Le magistrat allemand qui est en charge de l’affaire a une lourde responsabilité. S’il refuse l’extradition de Puigdemont vers l’Espagne, il a deux mois pour se prononcer, alors les séparatistes marquent des points. Si par contre il accepte cette extradition vers Madrid, le leader séparatiste sera emprisonné et jugé à Madrid et ce serait une terrible nouvelle pour les partisans du divorce avec l’Espagne. Pour l’instant, la Catalogne est sous tutelle du pouvoir central. Et le temps presse ; il faudra absolument trouver un successeur à Puigdemont pour que cette région puisse de nouveau se gouverner elle même.
RFI