Avions privés, salaires et indemnités généreuses, manque de contre-pouvoirs : à quelques semaines de la Coupe du monde, la Fédération française de Football est pointée du doigt par la Cour des comptes dans un rapport d’avril 2017 dont certaines conclusions sont révélées ce mercredi 28 mars dans le journal Le Monde.
Ceux qui veulent voir le verre à moitié plein ne garderont que les compliments de la Cour des comptes. Au sujet de la FFF, elle parle d’une organisation qui s’est « professionnalisée » depuis l’arrivée à la présidence de Noël Le Graët en 2011. Le budget est en hausse, fixé cette année à près de 225 millions d’euros. Il tablait sur une qualification directe des Bleus à la Coupe du monde (contrat rempli) et sur une présence en quart de finale (à confirmer bien sûr…).
La fédération prévoyait aussi de nouveaux partenariats avec des annonceurs. Ce qui est chose faite grâce au contrat avec l’équipementier Nike pour plus de 50 millions d’euros par an jusqu’en 2026. Une aisance financière qui, aux yeux de la Cour des comptes, ne doit pas faire oublier « un certain nombre de remarques et d’interrogations. »
Avions privés
Déjà le mois dernier, la Cour des comptes avait pointé une largesse. Juillet 2014 : les Bleus jouent et perdent en quart de finale du Mondial face à l’Allemagne. 130 personnes étaient invitées par la fédération à Rio, des dirigeants de clubs, des partenaires que l’on voulait remercier pour leur aide. Coût de ce beau cadeau: 7 700 euros par passager. Facture totale : 1 million d’euros. Dépense assumée, bien que non validée par le comité exécutif de la fédération.
Un appétit pour les voyages très développé chez le président de la FFF lui-même. Depuis son élection, les déplacements en avion privé se sont multipliés : 27, rien que sur l’exercice 2014-2015. Cette année-là, 313 000 euros ont ainsi été dépensés. La fédération répond que Noël Le Graët, par ailleurs bénévole, doit être « omniprésent » sur le plan international, qu’il doit rester en « contact permanent » avec les amateurs en métropole et en outre-mer. « Tous ces déplacements sont des déplacements professionnels, avec une consultation auprès des compagnies au préalable », affirme la FFF dans les colonnes du Monde. « Ils relèvent de budgets validés par le comité exécutif et surtout l’assemblée fédérale. »
Salaires et indemnités généreux
Autre point problématique d’après la Cour des comptes : les salaires plus qu’attirants versés à ses employés par la Fédération française de football. Jointe par RFI, elle reconnaît des augmentations généralisées de 1% par an. Les indemnités pour ceux qui partent (ruptures de contrats) sont, elles aussi, très avantageuses.
La Cour des comptes note enfin une absence de « réels contre-pouvoirs » au siège parisien (boulevard de Grenelle dans le XVe arrondissement). Elle s’étonne que « la nomination (en 2012) du sélectionneur des Bleus Didier Deschamps n’apparaît pas avoir fait l’objet d’une communication devant le comité exécutif, à tout le moins, pas en réunion ».
Huit ans après le choc de Knysna (fronde des joueurs lors du Mondial sud-africain), ce rapport ravive le souvenir d’une autre affaire dévastatrice en termes d’image pour la FFF. En 2002, lors d’une autre débâcle sportive en Corée du Sud, le président de l’époque (Claude Simonet) avait dépensé des frais de séjours jugés exorbitants. On se souvient d’une bouteille de vin (un bourgogne romanée-conti) estimée à 4 800 euros. Autant d’ombres portées sur le vaisseau amiral du football français.
rfi