C’est la nouvelle cible de Donald Trump. Le Vietnam est accusé de nuire davantage au commerce américain que la Chine. Le Vietnam exporte il est vrai de plus en plus de produits vers les États-Unis. En particulier du mobilier, fabriqué avec du bois pas toujours légal.
Le Vietnam a exporté l’an dernier pour 9 milliards de dollars de mobilier et de produits du bois, dont 5 milliards de dollars vers les seuls États-Unis, selon les chiffres du Bureau du représentant américain au Commerce (Office of the US Trade Representative). C’est un poste majeur du commerce vietnamien vers les États-Unis, juste après le textile (12 milliards de dollars) et la chaussure (6 milliards), très loin devant le café robusta (400 millions).
Le mobilier vietnamien creuse le déficit commercial américain
Ces exportations vietnamiennes des produits du bois ont progressé d’autant plus que les produits équivalents de Chine ne sont plus les bienvenus aux États-Unis. L’industrie vietnamienne en profite. Les exportateurs chinois ont aussi délocalisé leurs affaires au Vietnam pour échapper aux taxes américaines. La tendance de 2018 s’accentue en 2019 : entre janvier et avril, les ventes de meubles vietnamiens aux États-Unis ont progressé de 20 %, selon l’United States International Trade Commission (USITC) alors qu’elles ont chuté dans la même proportion depuis la Chine. Cela ne fait qu’aggraver le déficit commercial des États-Unis avec leur partenaire vietnamien. Déjà 39,5 milliards de dollars l’an dernier.
Entreprises vietnamiennes dans les forêts du Cameroun
Cette croissance de l’industrie du meuble au Vietnam bouleverse aussi le commerce du bois. Le Vietnam interdit la déforestation sur son sol depuis 2016. Mais il importe de plus en plus de bois, 6 millions de m3 de grumes et de sciages, l’an dernier, selon une étude de FT Confidential Research. Deux tiers proviendraient d’Europe et des États-Unis, où la légalité du bois est à peu près garantie. Mais un tiers du bois importé au Vietnam serait à risque d’un point de vue légal et environnemental, qu’il provienne d’Asie ou d’Afrique.
Le Vietnam absorbait déjà tout le bois du Laos et du Cambodge, malgré l’interdiction de ce dernier pays d’exporter les grumes. Depuis deux ans, au Cameroun, tout un tas de petites entreprises vietnamiennes exploitent partout dans les concessions, observe Alain Karsenty du Cirad, en toute illégalité.
Pourtant le Vietnam devra se préoccuper de la légalité du bois s’il veut garder ses débouchés en Europe.
Un demi-million d’emplois au Vietnam
Pourtant, le Vietnam devra se préoccuper de la légalité du bois s’il veut garder ses débouchés occidentaux. Pour l’instant, l’accord FLEGT signé en octobre avec l’UE n’a débouché sur rien. Aux États-Unis il y a une législation semblable, le Lacey Act. L’administration de Donald Trump pourrait en durcir l’application, voire imposer des taxes pour limiter les importations de mobilier du Vietnam. Une industrie qui emploie aujourd’hui un demi-million de Vietnamiens.