Mohamed Ould Ghazouani a été élu au premier tour lors de la présidentielle en Mauritanie. Le Conseil constitutionnel l’a confirmé,ce lundi 1er juillet 2019. C’est à nouveau un général qui prend donc les rênes du pays. Un homme effacé que les Mauritaniens connaissent peu, même s’il a occupé les plus hautes fonctions militaires dans l’ombre du président Mohamed Ould Abdel Aziz, son compagnon de route depuis des années. Quel président sera-t-il et réussira-t-il à se défaire de son image de dauphin ? À ce stade, les questions restent entières.
Difficile de savoir aujourd’hui précisément quel lien unit les deux hommes forts de la Mauritanie. « Il y a entre eux un rapport hiérarchique militaire fort », explique une spécialiste du pays, qui ne voit pas le président Abdel Aziz passer au second plan. Pour un autre connaisseur de la région, il ne faut pas s’attendre à une rupture : « Les amis d’hier restent encore les amis d’aujourd’hui. »
Pourtant durant cette campagne électorale, des dissensions sont apparues. « Il y a eu des humiliations des deux côtés », estime un opposant au pouvoir en place. À l’image de cette passe d’armes par médias interposés aux dernières heures de la campagne. Alors que le porte-parole du candidat Ghazouani déclare sur RFI, le matin, que le président Abdel Aziz n’a plus le droit de briguer un mandat présidentiel, le chef de l’État lui répond, le soir, en direct à la télévision, que la Constitution ne l’empêche aucunement de se représenter dans cinq ans.
Vers la rupture ?
« La rupture on sait qu’elle va venir, confiait juste avant le scrutin un responsable de la campagne du candidat. Nous n’avons aucun intérêt à ce qu’elle arrive trop vite, mais cela semble inévitable. » De source diplomatique, même si l’on met en avant la solidarité, la confiance réciproque qui existe entre les deux généraux, on reste prudent pour la suite : « On verra si le changement de rôle signifiera aussi un nouveau rapport de force entre les deux hommes. »
Et le futur ex-président a déjà prévenu. Lors d’une conférence de presse un peu avant le scrutin, il a clairement expliqué qu’il ne serait « ni demain ni après-demain » le Premier ministre de son dauphin.
Rfi