Inés Madrigal, la première Espagnole à avoir amené l’affaire des « bébés volés » devant les tribunaux, vient de retrouver sa famille biologique, grâce à un test ADN.
Inés Madrigal est une femme heureuse. Après 32 ans de recherches semées d’innombrables embûches, l’Espagnole de 50 ans a enfin retrouvé sa famille de sang grâce à une entreprise américaine de tests ADN : des cousins, une tante et quatre frères. Sa mère biologique est décédée en 2013, à l’âge de 73 ans.
En Espagne, Inés Madrigal est une personne emblématique dans le scandale des bébés volés. Les associations estiment qu’environ 300 000 bébés ont été volés à la naissance entre 1940 et 1990, et surtout avant 1975, c’est-à-dire durant la dictature franquiste. Les vols d’enfants auraient d’abord visé les dissidentes politiques puis, souvent avec la complicité de l’Eglise catholique, des bébés nés hors mariage ou de familles nombreuses.
Des milliers de plaintes n’ont pu aboutir, souvent à cause de la prescription. Inés Madrigal avait été la première à obtenir que la justice se prononce sur son cas. En 2018, un tribunal de Madrid avait conclu qu’un ex-obstétricien, le docteur Eduardo Vela, l’avait volé à sa mère à sa naissance en 1969 pour la confier à une autre femme, sa mère adoptive.
En réalité, ses demi-frères et sa tante lui ont appris qu’elle n’avait pas été volée, mais donnée volontairement en adoption. « Cela ne veut pas dire que le docteur Vela n’est pas coupable de nombreux délits », a réagi Inés Madrigal. Selon les associations de victimes, le trafic de bébés aurait perduré même après le retour de la démocratie, au moins jusqu’en 1987, cette fois simplement par appât du gain.
(Avec AFP)