Un rapport de l’Institute for War and Peace reporting (IWPR) révèle que des discours de haine se sont répandus sur Facebook au début de la crise des Rohingyas en Birmanie en 2017. Les experts reprochent au réseau social d’avoir provoqué le chaos en Birmanie.
L’étude de l’IWPR pointe qu’une tendance très nette s’est développée en quelques mois, au début de la crise. L’analyste Alan Davis, qui travaille pour l’institut, souligne que si les discours de haine sur le réseau social sont d’abord apparus de « manière désorganisée », cela a changé « au fur et à mesure ».
« Ils sont devenus davantage déterminés et même militarisés. Par « militarisés », j’entends qu’ils rapportaient par exemple que des mosquées à Rangoun étaient utilisées pour stocker des armes ou bien que certains membres arboraient le drapeau noir et blanc de Daech alors que ce n’était clairement pas le cas… »
Des rumeurs qui, sur Facebook, ont trouvé un public, déplore Alan Davis. « Mais le problème, c’est que je crains que certaines personnes y aient véritablement cru et que se soient réellement mises à diaboliser certaines factions de la communauté et à les harceler ». Et aujourd’hui, le mal est fait selon l’analyste. « Le problème est que l’on a sûrement déjà atteint un point de non-retour. On peut déjà constater les dégâts et c’est très difficile de revenir en arrière. »
Mais il pointe aussi la responsabilité de la communauté internationale dans la situation actuelle. « Ce qui nous inquiète le plus c’est que tout cela était évident et la communauté internationale n’a pas pris la mesure de ce qui était en train de se passer. On s’est bien trop concentré sur ce qu’il se passait par rapport aux élections, on pensait que si Suu Kyi était libérée[de sa maison d’arrêt, Ndlr], tout se passerait bien. Sauf qu’à aucun moment nous nous sommes dit que construire une nation, une démocratie, était un ouvrage « salissant ». C’est pour cela que la communauté internationale est, tout autant que Facebook, responsable de la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui. »
Par ailleurs, le ministre birman des Affaires sociales, de l’aide et du relogement, Win Myat Aye, va se rendre dans les camps de réfugiés rohingyas au Bangladesh pour la première fois depuis que les exactions de l’armée ont poussé près de 700 000 membres de cette minorité musulmane à fuir la Birmanie depuis août 2017.
rfi