Le chef de l’Etat gambien Adama Barrow a remanié jeudi son gouvernement, nommant un ministre de la Défense pour la première fois depuis 22 ans et un ancien chef de la police controversé à l’Intérieur, a annoncé la présidence dans un communiqué.
M. Barrow a désigné jeudi comme ministre de la Défense Sheikh Omar Faye, consul général de Gambie à Jeddah (Arabie saoudite), selon le communiqué.
Depuis 1997, d’abord sous Yahya Jammeh, qui a dirigé d’une main de fer ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest de 1994 à 2017, puis sous son successeur, l’ancien opposant Adama Barrow, les prérogatives du ministère de la Défense étaient directement exercées par le président.
Ancien sprinteur –il a participé aux JO de 1984– M. Faye a fait carrière dans l’armée jusqu’en 1994, lorsqu’il a quitté la Gambie pour les Etats-Unis, selon la lettre d’information spécialisée AllGov.com.
De retour en Gambie en 2005, il devient chef de la communication du cabinet du président Jammeh, puis ministre de la Jeunesse et des Sports, avant d’être nommé ambassadeur à Washington.
Il avait pris ses distances avec Yahya Jammeh à la toute fin de son régime, en l’appelant de la capitale fédérale américaine, en décembre 2016, à reconnaître sa défaite électorale face à Adama Barrow et à céder le pouvoir.
Yahya Jammeh n’avait quitté son pays pour la Guinée Equatoriale qu’après six semaines d’une crise à rebondissements et sous la pression d’une intervention militaire et diplomatique régionale.
Un défenseur gambien des droits humains, Madi Jobarteh, a salué la désignation d’un ministre de la Défense, estimant toutefois que « le choix de M. Faye est un important pas en arrière » si l’on considère qu’il fut un « soutien clé de la dictature en Gambie ».
Le défenseur des droits de l’homme a par ailleurs qualifié de « catastrophe » la désignation au poste de ministre de l’Intérieur de Yankuba Sonko, qui selon lui montre la volonté du président Barrow de « recourir à la violence pour refuser les droits et libertés fondamentales ».
M. Sonko était inspecteur général de la police lors de la répression le 14 avril 2016 d’un rassemblement pour réclamer des réformes politiques. La mort en détention d’un des leaders de l’opposition arrêtés, Solo Sandeng, avait galvanisé les opposants, qui s’étaient unis autour de la candidature d’Adama Barrow.
AFP