G7: le saut de Macron de l’échelon international au national

Pour Emmanuel Macron, le national et l’international sont liés. La séquence G7 qu’il a menée à Biarritz pendant trois jours, lors de laquelle il est parvenu à renforcer son rôle de médiateur, lui a aussi permis de faire passer des messages aux Français, avant une rentrée où il se sait attendu au tournant.

Avec notre envoyée spéciale à Biarritz, Valérie Gas

Lundi soir, les avions décollaient les uns à la suite des autres dans le ciel des Pyrénées-Atlantiques, signe que le G7, rassemblement des chefs d’État et de gouvernement des principales puissances économiques du monde, était bien fini.

Un sommet du G7 dans le sud-ouest de la France, avec Emmanuel Macron à la manœuvre du début à la fin. Le chef de l’État a ouvert la séquence par une adresse aux Français, et l’a conclue par une interview au journal de 20 heures.

L’organisation de ce rendez-vous a donné l’opportunité au président français de faire une rentrée en fanfare à coups de rendez-vous diplomatiques. Point d’orgue : l’invitation surprise du ministre iranien des Affaires étrangères à Biarritz.
La venue de M. Zarif lui a permis d’apparaître comme un super diplomate. « Ce n’est pas un coup de poker, a expliqué M. Macron. Le général de Gaulle disait que la diplomatie, c’est essayer de tenir ensemble des vitres brisées, parfois. »

« On décide de faire ensemble, c’est ça qu’on appelle le multilatéralisme »

Objectif, donc : le dialogue, la recherche des convergences, la construction de coalitions. Le président français a même réussi à montrer qu’il amenait Donald Trump sur son terrain, notamment sur les questions commerciales.

« Ça veut dire qu’on décide de le faire ensemble, c’est ça ce qu’on appelle le multilatéralisme, selon le Français. Et c’est mieux que de décider de régler ses problèmes en faisant des confrontations l’un contre l’autre. »

Emmanuel Macron a donc fait d’une parenthèse internationale une démonstration de la « nouvelle méthode » qu’il a appelé de ses vœux, celle où il entend désormais rendre des comptes continuellement aux Français.

Fini le temps des réformes au pas de charge, de la communication en mode provocation ; il informe, explique, essaie de convaincre. D’abord qu’il sait jouer les médiateurs entre les États-Unis et l’Iran, donc. Mais est-ce l’essentiel ?

Edouard Philippe commencera les consultations « la semaine prochaine »

C’est comme si la scène diplomatique était un terrain d’entraînement pour la rentrée politique, qui s’annonce délicate et où le principal enjeu va être pour le président de la République d’éviter un nouvel embrasement social.

Tenter d’aplanir les différends sur la scène internationale, c’est aussi un message pour les Français, d’abord autour de la réforme des retraites. Emmanuel Macron a promis un nouveau grand débat pour faire cette réforme avec eux.

« Le Premier ministre, la semaine prochaine, va commencer des consultations avec tous les partenaires sociaux », prévient M. Macron. Et de promettre : « On va la construire tous ensemble, cette réforme. »

Le « Macron post-gilets jaunes » n’est plus le même. Sur les retraites, « rien n’est décidé », dit-il. Mais il faudra « que notre régime, quand il entre en vigueur en 2025, soit équilibré financièrement et juste en termes de cotisations ».

Je préfère qu’on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge. Parce que si vous avez un accord sur la durée de cotisation, quand vous rentrez tard dans la vie professionnelle, vous finissez plus tard – mais généralement, c’est parce que vous avez fait des études. Et quand vous commencez tôt, vous cotisez depuis plus longtemps, donc vous partez plus tôt. Ça me semble plus juste

Emmanuel Macron

rfi