Le procès d’Imam Ndao et Cie se poursuit ce mercredi (3e jour) au tribunal de Dakar. Mme Coumba Niang, née en 1984, enseignante stagiaire en langue arabe, épouse de Matar Diokhané est appelée à la barre. Des révélations, et pas des moindres ont été faites par cette dame dont le mari a été arrêté au Niger.
Poursuivie pour acte de terrorisme, association de malfaiteurs, acte de terrorisme par menace ayant pour but de troubler l’ordre public, financement de terrorisme et blanchiment de capitaux, elle a plaidé non coupable.
La dame n’a pas tari d’explications pour se tirer d’affaire. A entendre ses déclarations, on est tenté de croire que c’est son époux qui l’a mise dans ce pétrin. Elle a dit : « Makhtar Diokhané (son mari) m’avait dit qu’il devait partir en Turquie pour étudier. Quand il est revenu au Sénégal, on habitait à Gadaye. A la suite de cela, il m’a annoncé un autre voyage. Il s’est absenté pendant 8 mois. Je ne savais pas où est ce qu’il était pendant ce temps. Il m’a dit qu’il enseignait le Coran à des enfants, sans me dire le lieu.
Avant qu’il ne parte, il m’avait confié de l’argent en billet d’Euros que je n’ai pas compté. A son retour, je lui ai remis cet argent. Devant le magistrat instructeur, j’avais dit qu’il m’a remis une importante somme d’argent. Je reviens sur mes déclarations parce que je somnolais quand le magistrat instructeur m’entendait. Sur instruction de mon mari, j’ai confié une partie de l’argent à Marème Sow.
Quand j’ai demandé à mon mari d’où provenait cet argent, il m’a répondu que c’est l’argent du Daara. Il a fait une semaine au Sénégal avant de dire qu’il va partir au Niger récupérer des gens. Il n’est pas revenu de ce voyage parce qu’il a été arrêté au Niger ».
« L’argent devait financer un travail que les «Mbokk» devaient exécuter au Sénégal »
Poursuivant sa déclaration, la prévenue a fait des révélations de nature à enfoncer ses co détenus. Elle dit : « Mon mari Makhtar Diokhané ne m’a jamais parlé de son projet relativement au djihad. On parlait de Djihad et il me disait qu’il allait partir en Libye pour le djihad ». Parmi le groupe de Makhtar elle a cité certains noms dont Aboubacry Guèye à qui elle aurait remis 500 mille Francs Cfa.
S’agissant de la destination des fonds, elle soutient : « mon mari m’a dit que c’est de l’argent licite. Une partie lui appartient et une autre appartient à des «Mbokk» (Parent); le reste devait financer un travail que les «Mbokk» devaient exécuter au Sénégal. Pourtant, à l’enquête préliminaire, elle avait déclaré que son mari lui avait dit que cet argent provenait de Shekau, le chef de Boko Haram.
Un «Manuel à l’usage du djihadiste» découvert chez elle
Une perquisition au domicile de la dame a permis aux forces de l’ordre de mettre la main sur : « 14,5 mille euro et des livres (mes livres et ceux de mon mari), des documents relatifs au djihad et des documents intitulé : «manuel à l’usage du djihadiste » dans lequel, il est détaillé les techniques et les stratégies de combats et de déstabilisations contre un Etat.
Dans un autre manuel, il y’avait les techniques de rapts et d’assassinat, la référence sur les exécutions sommaires des femmes et des enfants de tout musulman opposé aux actions terroristes. Sur les mêmes documents, il a été noté des stratégies de dissimulation, des stratégies d’infiltration, des stratégies de déstabilisation des forces de sécurité et de défense. Il a été noté dans ces documents les retours d’expérience pratiqué en Afghanistan. »
dakaramatin