Washington se justifie en mettant en cause le laxisme et l’inefficacité du gouvernement afghan dans la lutte contre la corruption. À Kaboul, à près d’une semaine de l’élection présidentielle, cette décision est perçue comme un camouflet pour le président candidat à sa propre succession.
Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine a dénoncé jeudi « l’incapacité du gouvernement afghan à utiliser de manière transparente l’argent public américain ». Il met directement en cause des actes de mauvaise gestion de la part du gouvernement afghan en matière financière et de corruption.
Afghanistan: les négociations entre Américains et talibans au point mort
Le gouvernement afghan ne recevra pas près de 100 millions de dollars destinés à financer un projet d’infrastructure énergétique, ainsi que 60 autres millions d’aides directes. La somme est dérisoire compare au plus de 1 000 milliards de dollars dépensés par les États-Unis en Afghanistan depuis son intervention en 2001.
Mesure de rétorsion
La décision de Washington est symbolique, mais le message envoyé au gouvernement afghan soulève de nombreuses questions sur les sous-entendus d’une telle action et de tels propos à huit jours du scrutin présidentiel. L’Afghanistan est parmi les pays les plus corrompus au monde, il figure à la 172e place sur 180 du classement de l’organisation Transparency international.
Pourquoi les États-Unis choisissent-ils de pointer maintenant publiquement l’incapacité du gouvernement afghan à lutter contre la corruption ? Selon certains observateurs, il s’agit d’une mesure de rétorsion des autorités américaines contre le président afghan Ashraf Ghani. Celui-ci a été parmi les plus fervents critiques de l’accord de principe entre les talibans et les Américains. Un accord annulé par Donald Trump. Celui-ci avait fait du retrait des troupes américaines d’Afghanistan un élément clef de sa campagne présidentielle.
Rfi