« Malgré son emploi du temps chargé et malgré les foules qui se pressent à sa résidence dakaroise, dans la perspective de l’inauguration de la grande mosquée Massalikoul Jinaan, ce soir j’ai pu avoir droit à un des rares moments, tranches de vie qui marquent un être humain.
Honneur, privilège et bénédiction d’être reçu, en mode privé, en compagnie de mon frère cadet, pour boire les conseils et prières du Khalife Général des Mourides, ici à Dakar. Après m’avoir envoyé son fils aîné pendant ma détention, avec, cerise sur le gâteau, sa participation aux dépenses occasionnées par ce séjour carcéral arbitraire, le guide suprême de la communauté religieuse a laquelle je m’honore d’être a plus que rempli sa mission envers ma modeste personne.
Tous ceux qui sont raisonnables comprendront que cette grandeur d’âme m’oblige. Je m’évertuerai à mériter ce suprême traitement.
Non seulement le Khalife est mon primat religieux en plus d’être mon cousin. Des liens profonds existent, depuis la nuit des temps, profonds et éthiques, entre nos familles. Mon père fut l’un des premiers grands disciples du père du Khalife. Ma mère est la sœur de son père.
Ce soir, j’ai été honoré plus que l’esprit peut l’imaginer. Et je me sens contraint d’être mu davantage par le sens du devoir et de la fidélité aux valeurs primordiales que je partage avec un si essentiel guide religieux.
Je suis heureux. Après la prison, Dieu me montre une facette encore plus forte, magique.
Le Khalife est doux, humaniste, profondément tourné vers Dieu. J’ai le sentiment d’avoir tutoyé les cieux…après la roche carcérale ! »