Le président du Sénégal est bien décidé à traquer les actes criminels et terroristes sur la Toile, dans son pays comme à l’extérieur de ses frontières, alors que Dakar est perçue comme un « pôle de stabilité dans la sous-région ».
Le Sénégal, sous l’impulsion de son chef d’Etat, Macky Sall, est plus que jamais déterminé à chasser le terrorisme de son territoire, en luttant notamment contre la propagande et la radicalisation sur Internet, véritable fléau contemporain. Le 23 septembre dernier, en marge de la 74ème Assemblée générale des Nations unies (ONU), le président sénégalais a d’ailleurs pris la parole au cours d’une « concertation sur la recherche de réponses collectives face au terrorisme et à l’extrémisme violent », organisée notamment par la Jordanie, la France et la Nouvelle-Zélande.
Macky Sall en a profité pour revenir sur une année riche en matière de lutte contre la barbarie et le cyberterrorisme, alors que le Sénégal soufflera le 6 novembre prochain la première bougie de l’école nationale de cybersécurité implantée dans la capitale. « Je voudrais saluer ici le partenariat franco-sénégalais qui a permis la mise en place, à Dakar, d’une Ecole nationale de Cybersécurité à vocation régionale, dont la finalité est de renforcer les capacités de nos pays à lutter contre la cybercriminalité sous toutes ses formes, en développant davantage les moyens de prévention et d’investigation », a-t-il déclaré.
« Certificat d’enquêteur spécialisé »
Volonté directe du président sénégalais, cet établissement, qui a donc pour but d’ « augmenter les capacités locales des Etats africains à lutter contre la délinquance, le terrorisme ou la radicalisation », s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale de cybersécurité du Sénégal pour un cyberespace sécurisé à l’horizon 2022. Car, comme le rappelait la diplomatie française l’an dernier : « Les phénomènes d’usage d’Internet à des fins terroristes, pour le financement du terrorisme et la diffusion de discours extrémistes encourageant à la radicalisation, constituent des menaces pour la stabilité de ces Etats [africains] ».
C’est pourquoi les formations dispensées dans cette école portent sur « la dimension stratégique de la cybersécurité », avec une large part dévolue à la « lutte contre la cybercriminalité et le recueil du renseignement ». Et s’adressent aux cadres des Etats africains déjà chargés, dans leurs services, des questions de sécurité numérique, afin de leur offrir de nouvelles compétences. Ces derniers pourront par exemple se voir délivrer un « certificat d’enquêteur spécialisé en investigations numériques ou de technicien en traces numériques ».
L’Ecole nationale de Cybersécurité s’adresse également au monde universitaire, à la société civile et au secteur privé africains. A la tribune de l’ONU, Macky Sall déclarait : « Il me semble tout aussi important d’agir plus en amont, par l’éducation à la diversité et à la culture de la paix, par des réponses doctrinales aux discours extrémistes, et par la lutte contre la pauvreté », l’un des problèmes majeurs, selon lui, qu’il convient de résoudre. Parce que « l’obscurantisme, l’indigence intellectuelle et la pauvreté sont finalement les cibles les plus vulnérables de la doctrine et de la finance terroristes », a conclu le président sénégalais.
« Action collective »
Le Sénégal souhaite se positionner en tant que leader dans le domaine de la sécurité sur le Web, rappelait en mai dernier Jeune Afrique. Le pays fait office de pôle de stabilité dans la sous-région ». C’est pourquoi il a signé le 15 mai 2019 « L’appel de Christchurch », lancé conjointement par le président français, Emmanuel Macron, et la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern. Deux mois après les attaques visant deux mosquées de la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande (51 victimes), il s’agissait de pointer du doigt, non seulement le terrorisme, mais également les réseaux sociaux, qui avaient eu du mal à supprimer les vidéos des attentats.
« La diffusion à grande échelle des attaques terroristes ajoute le cynisme à l’absurde, par l’exaltation de la violence et des préceptes violents qui la sous-tendent, a ainsi rappelé Macky Sall à l’ONU. Tout cela nous interpelle et nous appelle à une action collective, en tant qu’Etats, familles, communautés de base, société civile et grands groupes du secteur de l’Internet », a poursuivi le président sénégalais. Qui souhaite plus que jamais développer « le partage des données et l’échange d’informations et d’expérience dans la lutte contre le terrorisme et la diffusion des contenus violents ». L’union en réponse à la barbarie, en somme.