Héritage de Cheikh Béthio Thioune… : Le contrôle des comptes, nœud de la guerre larvée entre épouses et fils

Le contrôle des finances d’organisations religieuses, politiques et autres institutions donne souvent du pouvoir. Et, la transparence dans l’utilisation ou la destination des fonds pose problème. Non contents, certains membres ruminant en silence, se réservent le droit de garder patience et d’attendre le temps opportun pour s’attaquer à la cible… L’histoire des tiraillements, naissant de l’héritage de Cheikh Béthio Thioune, opposant deux camps, celui de sa 3e épouse Sokhna Aida Diallo et de l’autre, dirigé par son fils ainé, Serigne Saliou Thioune, désigné comme héritier légitime, en est illustration. Leral a fait une immersion dans cet univers des Thiantacounes…

« Qui tient l’argent, tient le pouvoir », un dicton qui semble bien expliquer les tiraillements dans la famille des Thiantacounes, une organisation instituée et dirigée par le défunt Cheikh Béthio Thioune, pour mieux servir son marabout Serigne Saliou Mbacké. Du temps de son vivant, le défunt guide des Thiantacounes, aurait fait montre de sa préférence pour sa 3e épouse, Sokhna Aida Diallo. Un choix, difficilement compris par certains de ses enfants et talibés.

Ainsi, dans l’affaire des Thiantacounes, il se murmure que la 3e épouse de Cheikh Béthio Thioune aurait accès aux comptes de son défunt mari. Raison pour laquelle, elle a refusé de faire allégeance totale à l’héritier légitime du Cheikh. Mais, elle est « consciente » que l’héritage de la gestion des Thiantacounes, revient de droit au fils ainé de Cheikh Béthio Thioune.

N’empêche, d’après des piaillements et bruits de bornes-fontaines, Sokhna Aida Diallo, décrite comme une femme têtue, refuse de se soumettre à l’homme désigné pour la succession. Et, face à ce refus de faire allégeance au fils ainé de Cheikh Béthio, naît une rivalité et des tiraillements dans la gestion des affaires des Thiantacounes.

Très astucieuse et stratégique, Sokhna Aida Diallo a réussi, à avoir à ses côtés deux de ses coépouses. Une histoire de se donner davantage des arguments de résistance. Usant de sa posture, « usurpée », elle a fait une démonstration de force lors du dernier Magal de Touba. Ses deux coépouses, manipulées ou pas, ont témoigné leur adhésion à la cause défendue par Sokhna Aida Diallo.

Seulement, certains observateurs dénichent dans cette hostilité d’autres mobiles. Les recoupements faits par Leral, prouve à suffisance que le « Cheikh », souffrant, n’avait plus la mainmise depuis belle lurette, sur un nombre important de Thiantacônes. Et, plusieurs mois, avant sa mort, la contestée Sokhna Aïda Diallo avait créé son propre mouvement à travers le Thiant, appelé « Darou Salam ».

Cette option, constate-t-on, a démontré que Sokhna Aïda, décrite de « mystique » par ses détracteurs, n’est pas une amatrice dans sa façon de poser des actes. Un jeune inconditionnel de cette dernière, accroché, avait juré que les talibés vont suivre Sokhna Aïda. « Les prochains jours édifieront tout le monde », promettait-il. Une promesse confirmée à l’occasion du Grand Magal. Moment choisi par la dame pour montrer sa suprématie et sa force de frappe. Elle a mobilisé à Ngabou.

Financement des Thiantacounes

Dans l’affaire des Thiantacounes, il se révèle que l’organisation, devant le besoin d’avoir une autonomie financière, avait une stratégie spécifique pour collecter des fonds. Chaque Daara envoie mensuellement de l’argent auprès du guide spirituel. « Il y a aussi d’autres cotisations dénommés « Dieufou Thiofel », « Dieufou Amir », Ordonnances, Autos, Gamou, Magal, 17 avril etc … Avant Cheikh Bi faisait la collecte pour son guide spirituel Serigne Saliou. Ce dernier, versait automatiquement l’argent aux daaras », découvre-t-on.

Et, Sokhna Aïda, aurait la main sur une manne financière, provenant de ces cotisations des Thiantacounes. Puisque, le Cheikh avait mis à la disposition de ses épouses, des talibés. C’est ainsi que Sokhna Aïda a détenu le monopole de Darou Salam, Sokhna Bator s’est retrouvée avec Keur Serigne Touba et Adja garde la responsabilité de Khelcom.

Devant cette répartition, il a été même noté une concurrence entre les talibés. Chacun rivalisait d’ardeur à travers les « Adiyas » et autres. « Le ralliement des deux autres Sokhna à la cause de Sokhna Aïda n’est pas un hasard », décrypte une source de Leral.

Sous ce registre, les prétentions et les ambitions commençaient à installer une confusion dans la tête des mourides. Puisque, à un moment donné, les démonstrations de force de part et d’autre et les déclarations ont failli avoir un impact négatif sur la célébration du Magal de Serigne Touba. Face à cette foultitude de publications instantanées, il y ressortait une volonté de destruction d’un camp à l’autre.

Serigne Mountakha siffle la fin de la distraction insipide et fade

Heureusement, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, dans les derniers développements de l’actualité, a sifflé la fin de cette distraction insipide et fade, pour ordonner l’alignement et le respect des directives à la confrérie. Sinon…

Mais, le jeu de ping-pong risque de renaître sous un autre format si l’on n’y prend pas garde. Certains, faisant semblant de valider les injonctions du Khalife, trouveraient l’astuce de dérouler autrement pour s’enrichir sur le dos de talibés ignorants et manipulés. Et, l’autre aspect regrettable, c’est la tentative du « Cheikh Aida », de baptiser des « nouveaux-nés » et d’accepter le « djébalou » de talibés Thiantacounes. Ce pouvoir, fustige-t-on, déteindrait sur l’image de la religion musulmane qui a ses normes et règles.

Maintenant, ces deux camps, avertit-on, s’ils veulent servir la communauté mouride, doivent impérativement, tendre vers une pacification et une unification des forces. Sinon, tous les deux camps vont trahir la mission du défunt Cheikh Béthio Thioune. Touba aussi, doit continuer à sévir pour mettre de l’ordre afin d’éviter les travers, notés ces derniers jours. A défaut… l’anarchie s’installe et bonjour les dégâts.