Le candidat péroniste de centre-gauche, Alberto Fernandez, a remporté dimanche 27 octobre l’élection présidentielle en Argentine dès le premier tour, devant le président sortant libéral Mauricio Macri, selon des résultats partiels. Le vote a eu lieu alors que le pays est secoué par une grave crise économique et sociale.
Le premier dossier d’Alberto Fernández sera de renégocier la dette colossale de 57 milliards de dollars contractée par son pays auprès du Fonds monétaire international (FMI). Le président saura comment parler à l’institution, puisqu’il faisait déjà partie de l’équipe qui avait renégocié la dette de l’Argentine après 2003.
La Banque centrale durcit le contrôle des changes
Affaibli par les craintes d’un défaut de paiement, le peso, la monnaie argentine, a chuté de près de 6% la semaine précédant le vote pour finir à 65 pesos pour un dollar. Cette dégringolade a provoqué une ruée des Argentins vers les banques et les bureaux de change pour y retirer les dollars. La monnaie américaine étant historiquement une valeur refuge pour les Argentins en cas de crise. Pour préserver les réserves monétaires du pays, le gouvernement du président sortant, Mauricio Macri, a durci le contrôle des changes en vigueur.
Selon l’annonce du président de la Banque centrale, Guido Sandleris, le montant maximum que les particuliers peuvent acheter à des fins d’épargnes est désormais réduit à 200 dollars par mois. Depuis les primaires en août, les épargnants argentins ont retiré quelque 12 milliards de dollars de leurs comptes, soit environ 36,4% du total.
Présidentielle en Argentine: un scrutin en pleine crise économique
L’économie exsangue, les Argentins à bout
En récession depuis plus d’un an, l’Argentine connaît une inflation élevée (55% en rythme annuel). Le PIB est en chute libre, tout comme le pouvoir d’achat des Argentins dont les salaires stagnent par ailleurs. La pauvreté gagne du terrain (un Argentin sur trois est pauvre), les fermetures d’entreprises s’enchaînent avec son corollaire de pertes d’emplois et le chômage grimpe (10%).
Certains investisseurs étrangers, pourtant très attendus pour sortir le pays de la crise, craignent le retour des politiques interventionnistes des années Kirchner (de 2003 à 2015). Ils s’inquiètent notamment du rôle que pourrait jouer l’ancienne présidente, Cristina Kirchner. Certes ses deux mandats avaient permis aux plus pauvres d’accéder à la consommation, mais ils ont aussi creusé les déficits sans pouvoir relancer durablement l’économie du pays.
En finir avec les années de privations
Alberto Fernández n’est pas pour autant moins péroniste que celle dont il est l’ancien directeur de cabinet. Saura-t-il rassembler les Argentins autour d’un projet commun ? Proposera-t-il un modèle plus social et plus juste ? C’est en tout cas ce qu’il compte faire, en promettant de « rallumer l’économie ». Pour ce faire, il faudra commencer par baisser les taux d’intérêt exorbitants, qui découragent tout investissement. Le nouveau président a promis d’en finir avec les quatre années de privations. Le tout sans faire exploser la dépense publique. Sa tâche s’annonce très ardue.
Rfi