La justice brésilienne ouvre la voie à la libération de l’ex-président Lula

Incarcéré depuis avril 2018 pour corruption, l’ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pourrait sortir de prison prochainement, après un arrêt rendu, jeudi, par la Cour suprême.
Les magistrats de la plus haute juridiction du Brésil ont mis fin à une jurisprudence, selon laquelle une personne peut être emprisonnée avant l’épuisement de tous ses recours si sa condamnation a été confirmée en appel, la jugeant inconstitutionnelle.

Une décision au cas par cas

La décision des 11 juges de la Cour suprême était très attendue et a été obtenue, après de longs débats, sur un score serré de 6 à 5 voix, et pourrait impliquer la libération de près de 5 000 autres détenus. Ces libérations ne sont toutefois pas automatiques, chaque juge d’application des peines étant tenu d’appliquer la décision de la Cour suprême au cas par cas.

Lula, qui purge une peine de 8 ans et 10 mois de réclusion pour corruption, a été incarcéré en avril 2018, peu après sa condamnation en appel, même s’il dispose encore de recours devant des tribunaux supérieurs. Immédiatement après le rendu de la décision, les avocats de la figure historique de la gauche brésilienne ont annoncé qu’ils allaient demander la libération de « l’ancien président emprisonné de manière injuste depuis 579 jours ».

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D’autres détenus possiblement libérés

Parmi les détenus qui pourraient être également élargis prochainement figurent des dizaines de personnes condamnées, comme l’ex-président âgé de 74 ans, dans le cadre de l’enquête anticorruption « Lavage Express ».

Les procureurs chargés de cette enquête ont immédiatement affirmé dans un communiqué que la décision de la Cour suprême allait à l’encontre « du sentiment de rejet de l’impunité » et de l’importance « du combat de la corruption, qui sont des priorités de notre pays ».

Pour rappel, Lula a été accusé d’avoir bénéficié d’un triplex dans une station balnéaire proche de Sao Paulo en échange de l’octroi de contrats à une compagnie du BTP. Depuis sa cellule de la Police fédérale à Curitiba, dans le sud du pays, il n’a cessé de clamer son innocence, se disant victime d’un complot pour l’empêcher de revenir au pouvoir.
« C’est ce que nous réclamions depuis des années »

Le juge Gilmar Mendes, un des six magistrats de la Cour suprême qui ont considéré que l’incarcération devait attendre l’épuisement de tous les recours, a affirmé jeudi lors de son vote que le cas Lula avait « contaminé les débats » en raison de la forte « polarisation » de la société brésilienne sur le sort de l’ex-président.

L’arrêt de la Cour suprême a été salué par le nouveau président argentin, le péroniste de centre-gauche Alberto Fernandez. « C’est ce que nous réclamions en Argentine depuis des années », a-t-il souligné. Pendant sa campagne électorale Alberto Fernandez était venu rendre visite à Lula dans sa prison, suscitant l’irritation de Jair Bolsonaro. Durant la campagne électorale, ce dernier n’avait pas caché son souhait de voir l’ex-président de gauche, sa bête noire, « pourrir en prison ».