Emilie (Star Academy 4): arrachée à sa mère, elle a été vendue par des trafiquants de bébés au Sri Lanka

Découverte dans la saison 4 de la Star Academy, Emilie Ducrot avait abandonné au début de l’aventure. Quinze ans plus tard elle revient avec un livre, Les Larmes de l’éléphant, où elle raconte comment elle a été adoptée en France après avoir été vendue par des trafiquants de bébés.

En 2004, TF1 diffusait la quatrième saison de la Star Academy. La France avait alors découvert la sublime voix de Grégory Lemarchal. Mais l’histoire tragique du chanteur, mort en 2007 des suites de la mucoviscidose, n’est pas le seul drame à avoir marqué cette promotion du fameux concours de chant. Parmi les candidats, une jeune femme avait été sans le savoir victime d’un terrible réseau de trafiquants de bébés. Emilie Ducrot avait abandonné la compétition au bout de trois semaines. L’après Star Academy n’avait pas été simple pour la jeune femme, qui a connu une descente aux enfers à cause de l’alcool et la drogue avant de revenir à la télévision, dans N’oubliez pas les paroles. Emilie sentait qu’elle n’était peut-être pas à sa place. Adoptée au Sri Lanka par un couple de Français en 1985, elle a grandi au Puy-en-Velay puis à La Réunion. Ce n’est qu’en 2017 qu’elle a découvert qu’elle était peut-être l’un des 11 000 nouveau-nés vendus par des trafiquants sans scrupules.

Cette terrible histoire, l’ancienne de la Star Academy la raconte dans un livre paru en septembre 2019, Les Larmes de l’éléphant. Un matin de novembre 2017, elle a tout découvert dans un reportage néerlandais : « Une histoire horrible : des bébés volés au Sri Lanka, des femmes enceintes séquestrées dans des « fermes » en attendant qu’elles accouchent. Dans les années 1980, 11 000 nouveau-nés auraient été ainsi vendus à des familles en Europe ». Un choc pour elle, mais aussi pour ses parents adoptifs : « J’avais 5 ou 6 ans quand ils m’ont raconté l’histoire à laquelle ils ont cru toute leur vie : ne pouvant pas avoir d’enfants, ils ont effectué des démarches pour accueillir un enfant abandonné. En octobre 1985, ils sont venus me chercher au Sri Lanka. Selon eux, ma mère était une jeune femme tombée enceinte hors mariage, ce qui lui aurait valu d’être exclue de la société ».

Emilie Ducrot est décidée à découvrir la vérité
Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que toute cette histoire était fausse. Les parents d’Emilie ont été en effet bernés par une fausse avocate qui se disait spécialiste des procédures au Sri Lanka : « Je leur apprenais que cette avocate était un escroc et que la femme qu’ils avaient rencontrée au Sri Lanka était peut-être payée pour faire semblant d’être ma mère biologique. Tout s’effondrait ». Emilie Ducrot avait mené l’enquête, découvrant que tout « avait été falsifié », de son dossier d’adoption au prénom Surangi, donné par sa soi-disante mère biologique : « Toute ma vie était truquée ». Faire ressurgir la vérité n’est pas simple pour Emilie, qui a décidé de se battre : « L’enquête menée à l’époque par les services sri-lankais a été étouffée. Et aujourd’hui, quand je pose des questions, on me répond : « C’est de l’histoire ancienne, vous feriez mieux de tourner la page » ».

L’ancienne chanteuse de la Star Academy 4 ne l’entend pas de cette oreille et a décidé d’agir. Elle a notamment monté une association, Les Enfants de Ceylan, qui vient en aide aux femmes démunies afin de les encourager à ne pas abandonner leurs bébés. Emilie a également pris contact avec une organisation qui regroupe d’autres victimes de ce trafic d’enfants sri-lankais. Elle espère que des tests ADN permettront un jour de faire la lumière sur son histoire : « Ils serviront à faire un rapprochement avec d’autres adoptés sri-lankais de la même époque. De cette façon, on espère recréer un peu des familles, c’est mieux que rien. Je suis déterminée à tout tenter. Je veux que l’on me dise qui je suis vraiment et qui était ma mère ».