Fatiguée d’être battue par son mari, l’artiste Mactar Bâ, la sage-femme d’Etat Yaye Fatou Seck, pour se venger, a brûlé le studio d’enregistrement de son conjoint, après qu’il l’a battue et blessée au cours d’une dispute. Cette mère de jumeaux de 6 mois a été traînée, devant le juge du tribunal d’instance de Dakar, pour répondre du délit d’incendie volontaire de biens mobiliers. Elle sera fixée sur son sort après-demain vendredi, 29 décembre.
Le couple Yaye Fatou-Mactar Ba a lavé son linge sale devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Ce couple, après 12 ans de mariage duquel sont issus 4 bouts de bois de Dieu, n’est plus aujourd’hui que l’ombre de ce qu’il était auparavant. Pour cause, le mari ne cesse de battre son épouse. Au lieu de rendre à cette brave dame la monnaie de sa pièce, il passe son temps à exercer des sévices corporels à chaque fois qu’ils se disputent. Si on s’en réfère aux déclarations de son épouse qu’il a traînée devant le tribunal, le mari ne rate en effet aucune occasion de la battre. C’était encore le cas la dernière fois qu’ils ont eu une altercation. Cette dernière, sous le coup de la colère, a mis le feu au studio d’enregistrement de son époux, alors que celui-ci s’y trouvait. Ainsi, tout son matériel de musique a été calciné. Heureusement pour eux, le reste de l’immeuble a été sauvé par les pompiers qui sont intervenus à temps.
Yaye Fatou Seck assume : «C’est moi qui ai brûlé son studio d’enregistrement. Il m’avait battue et blessée»
Face au juge, elle a reconnu les faits sans ambages. «C’est moi qui ai brûlé son studio d’enregistrement. J’étais sous le coup de la colère parce qu’il m’avait battue et blessée. J’ai allumé le fauteuil en tissu qui était déjà déchiré. Ainsi, la chaise et la table ont brûlé. Mais il faut dire que le studio ne fonctionnait plus», s’est justifiée la sage-femme d’État, mère de jumeaux âgés de juste 6 mois. Quand le juge lui a rappelé qu’il y avait des voies de recours par lesquelles passer pour régler leurs problèmes de couple et non provoquer un incendie, Yaye Fatou Seck a rétorqué : «Ce n’est pas la première fois qu’il me battait, Monsieur le Juge. Mon mari me bat constamment.» N’empêche, le président de l’audience lui a fait savoir qu’elle a commis des faits très graves. Yaye Fatou Seck de répliquer : «il n’y avait pas de matériel de musique dans le studio, parce qu’il les avait vendus avant l’incendie. Ce n’est pas une table de mixage qui a brûlé, mais une table de bureau.
Le mari Mactar Bâ : «Je ne veux pas l’enfoncer»
Debout, à côté de sa femme, Mactar Ba, les rastas noués, est revenu sur les faits. «J’étais dans la maison au moment où elle brûlait mon studio. Elle était fâchée, c’est pour cela qu’elle a tout brûlé», a-t-il révélé au juge. Très hésitant face au président de l’audience qui a voulu lui tirer les vers du nez, l’artiste dit : «Je ne veux pas revenir sur les faits. Il s’agit de matériel de musique qu’elle a brûlé», a-t-il répondu au magistrat. Ce dernier lui répliqua : «Je comprends que tu aies de la compassion pour elle, mais il faut dire la vérité justement». Le mari de répliquer : «Je ne veux pas l’enfoncer. Mais elle a brûlé un micro, 2 claviers, 2 guitares, 2 tables de mixage, un mobilier de bureau et quelques textes qu’on avait écrits. A la police, j’avais estimé mon préjudice à 2 millions en ce qui concerne la valeur des objets. Toutefois, lorsque les agents sont arrivés sur le lieu du sinistre, ils ont constaté que tout avait brûlé à savoir le tapis, des verres plastiques etc. Contrairement à ce qu’elle a dit tantôt, le studio était fonctionnel, mais je ne travaillais pas avec. »
Me Ousseynou Fall : «Il m’est arrivé que ma femme casse le pare-brise de ma voiture après une dispute»
Faisant ses réquisitions, la représentante du ministère public a souhaité que la loi soit appliquée contre la sage-femme d’État Yaye Fatou Seck, vu la constance des faits. Avocat de la dame, Me Ousseynou Fall a déploré les faits. «C’est une affaire douloureuse, une scène de ménage. Il m’est arrivé que ma femme casse le pare-brise de ma voiture après une dispute», dit-il d’emblée à l’entame de sa plaidoirie. Il poursuit : «Je suis venu demander la compassion pour cette femme qui a fait 12 ans dans son ménage et qui l’a supporté. Elle a arrêté ses études de médecine pour entretenir son époux musicien qui n’avait rien. Il y a eu un excès de colère. Il s’agit de dégâts matériels entre époux et femme. On n’en est pas arrivé en cours d’assises où on voit d’autres femmes qui ont ébouillanté leurs maris ou les ont aspergés avec de l’essence. Elle a deux jumeaux qu’elle allaite et je vous demande de faire preuve de compréhension. Elle était fatiguée d’être violentée, c’est pour cela qu’elle a commis ce geste.» Le délibéré sera vidé vendredi 29 novembre 2019.