L’avocat Juan Branco a publié mardi 26 novembre une conversation datant de 2016 entre Emmanuel Macron et François Ruffin. Le pamphlétaire accuse les deux hommes d’avoir mis en scène leur rivalité.
Nous sommes à l’automne 2016. Emmanuel Macron vient de quitter le gouvernement français et s’apprête à se déclarer officiellement candidat à la présidentielle. François Ruffin n’est lui pas encore député de La France Insoumise. Rédacteur en chef de Fakir, il est aussi connu pour son film « Merci Patron » et son engagement en faveur du monde ouvrier.
Ce mardi, Juan Branco a publié sur Twitter et en « exclu » une conversation entre les deux hommes datant du 12 septembre de cette année. Ecopla, une entreprise située près de Grenoble fabriquant des barquettes en aluminium est alors menacée de fermeture. Accompagné de quelques salariés, François Ruffin parvient à obtenir une audience dans les locaux d’En Marche avec Emmanuel Macron.
Voici, retranscrite par Les Inrocks, la conversation entre les deux hommes, en présence des salariés mobilisés d’Ecopla (un détail qu’omet de préciser Juan Branco). L’échange, comme le rappellent plusieurs médias, avait déjà été dévoilé en partie par Radio Nova en octobre 2016.
« Moi je pense que si on réfléchit stratégie, il faut que vous soyez vivement interpellé, et publiquement, par les salariés d’Ecopla, ça fera un épisode. Et ensuite, que vous y répondiez en disant: « Moi je suis prêt à aller me déplacer sur place’, ben ça fait un deuxième épisode », explique François Ruffin. Et Emmanuel Macron de répondre: « Ok, ok. [Â…] Un: on échange sur le dossier. Deux: on vous tient au courant des avancées. Trois: vous, vous m’interpellez publiquement. Quatre: dans la foulée, on cale ensemble une date de déplacement. Le 5 octobre, ou courant fin septembre, et on voit comment on la communique ensemble. » François Ruffin conclut alors: « Et je pense que l’on sort d’ici en n’étant pas contents
Pour Juan Branco, soutien des gilets jaunes et auteur de Crépuscule, succès littéraire sur l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, les deux hommes ont mis en scène leur rivalité et manipulé les salariés d’Epocla. L’avocat s’interrogeant également si un très récent échange entre les deux personnalités devant les salariés de Whirlpool – plus houleux celui-là – n’aurait pas été « fabriqué
François Ruffin se défend aujourd’hui dans les colonnes du Monde. « A ce moment-là, je mène une énorme bagarre pour sortir Ecopla du merdier. Ils ont été pillés par des fonds de pension, victimes d’un patron voyou. Quand il était ministre de l’Economie, Macron ne les avait ni reçus ni écoutés […] Je veux bien qu’on me donne des leçons de morale. Mais quand tu es une petite entreprise, comment tu mobilises le monde politique et médiatiqué Je ne suis pas dans la honte. J’ai une foi. Je mène un combat. On a fait tout notre possible pour la boîte, on était prêts à occuper l’usine. Si Macron est une carte pour peser, je prends cette carte et je la joue. »
« Que les donneurs de leçons mènent ces batailles sociales autrement que depuis des posts sur Facebook », a également répondu le député LFI sur Twitter, qui a partagé une Une de son journal de l’époque titrée « Macron nous a tuer
Aux Inrocks, qui qualifie l' »exclu » de Juan Branco de « faux scoop », ce dernier a tenu à ajouter que la « mise en scène par deux hommes politiques d’une confrontation négociée en amont, pour donner ensuite au public l’impression qu’elle est sincère et spontanée, est un acte de nature à mettre en question la sincérité de ces acteurs et la confiance des gens dans leurs responsables politiques. »
Mercredi, l’avocat a néanmoins reconnu s’être « peut-être trompé dans la communication » de l’échange entre les deux hommes.
Ecopla a finalement été mise en liquidation judiciaire à l’été 2016.