Le Congrès américain reconnaît le génocide arménien

Le Congrès des États-Unis a adopté, jeudi, une résolution reconnaissant le génocide arménien de 1915, déclenchant le courroux d’Ankara à un moment de fortes tensions dans les relations turco-américaines.
Les relations entre Washington et Ankara entrent dans une nouvelle période de turbulences après la reconnaissance du génocide arménien par les deux chambres du Congrès américain. Le Sénat a adopté, jeudi 12 décembre, une résolution à l’unanimité pour « commémorer le génocide arménien en le reconnaissant officiellement », quelques semaines après le vote de la Chambre des représentants.

Avec ce texte bipartisan, le Sénat appelle à « rejeter les tentatives […] d’associer le gouvernement américain à la négation du génocide arménien ».

« Je suis heureux que cette résolution ait été adoptée à une époque où il y a encore des survivants du génocide », a déclaré dans l’hémicycle l’un de ses auteurs, le sénateur démocrate Bob Menendez, avant d’être saisi par l’émotion et de s’efforcer de contenir ses larmes.

Un génocide reconnu par une trentaine de pays

Comme en octobre, lors du vote de la Chambre des représentants, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a salué « une victoire pour la justice et la vérité ». « Au nom des Arméniens, j’exprime ma gratitude au Congrès américain », a-t-il tweeté.

Et comme en octobre, la Turquie a dénoncé sans tarder un vote qui « met en péril l’avenir des relations » turco-américaines.

Le génocide arménien est reconnu par une trentaine de pays et la communauté des historiens. Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d’Arméniens ont été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l’Autriche-Hongrie.

Mais Ankara refuse l’utilisation du terme « génocide », évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine, ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps.

Or, les relations entre les États-Unis et la Turquie, alliés au sein de l’Otan, traversent une période de fortes tensions, et sont à la croisée des chemins.

Menace de sanctions contre la Turquie

À Washington, l’immense majorité de la classe politique ne décolère pas face à ce qu’elle considère être des outrances du président turc Recep Tayyip Erdogan. Surtout depuis que l’armée turque a acheté des systèmes russes de défense anti-aérienne jugés incompatibles avec son adhésion à l’Alliance atlantique, puis qu’elle a lancé en octobre une offensive en Syrie contre les forces kurdes alliées des Occidentaux dans la guerre antijihadiste.

Nouveau signe d’une rupture inédite, la commission des Affaires étrangères du Sénat américain a adopté, mercredi, une proposition de loi soutenue par les démocrates, comme par les républicains, qui prévoit des sanctions draconiennes contre la Turquie et ses dirigeants.

Bien que la résolution du Congrès reconnaissant le génocide n’est pas contraignante, des parlementaires exhortent désormais le locataire de la Maison Blanche à leur emboîter le pas.

« Le Congrès est désormais uni pour dire la vérité au sujet du génocide. Il est temps que le président en fasse autant », a lancé sur Twitter l’élu démocrate Adam Schiff.

Avec AFP