Environ 160 000 personnes, selon les organisateurs, 40 000 selon la préfecture, (38 900 selon le collectif des médias), se sont rassemblées ce samedi 5 mai à Paris pour participer à la « Fête à Macron ». A deux jours du premier anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée, ils ont répondu à l’appel du député de la France insoumise, François Ruffin, pour manifester leur hostilité à la politique du gouvernement. Un rassemblement festif et politique à la fois. Un concert est prévu dans la soirée. Reportage au cœur du défilé.
« Joyeux anniversaire Emmanuel. » Tout avait été préparé pour donner un caractère festif à ce rassemblement dans les rues de Paris même une chanson : « Une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et qui ne sont rien… »
Et quand il a pris la parole à bord d’un bus en train de rouler au sein du cortège de la manif, Jean-Luc Mélenchon a bien insisté : « Nous sommes un rassemblement joyeux et souriant à l’image du monde que nous voulons fonder. Nous sommes un rassemblement qui condamne la violence. »
Après une semaine d’échanges tendus avec le président de la République et le Premier ministre qui l’ont accusé d’avoir incité les violences du 1er-Mai par ses discours radicaux, le chef des Insoumis a ainsi opposé aux déclarations du gouvernement le démenti d’un rassemblement bon enfant et il s’est fait le porte-voix de tous ceux qui luttent contre la politique d’Emmanuel Macron : « Salut aux cheminotes et aux cheminots, aux employés d’Air France, salut aux hospitaliers. »
Dans un style différent François Ruffin a expliqué quel rôle il entendait jouer : « Moi, je suis un bélier. Si jamais il y a des gens qui me portent et me font défoncer les portes du château fort, ça peut aller. Si jamais il n’y a pas de gens qui me portent, je ne suis rien. »
Des gens, il y en avait beaucoup et tous voulaient envoyer le même message à Emmanuel Macron : « C’est pas joyeux anniversaire, on est content de te voir, c’est joyeux anniversaire, vivement que tu partes. »
A deux jours du 1er anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron, le 7 mai, selon un sondage de Science po Paris publié par le journal Le monde ce samedi, 55% jugent négatif le bilan du chef de l’Etat. Ses électeurs du 2e tour, face à Marine Le Pen, pensent en revanche à 56% que ce bilan est positif.
Amplifier le mouvement de protestation
« Allez, marchez votre chemin la tête haute et le 26 mai par millions déferlez ! » A entendre Jean-Luc Mélenchon, la fête à Macron c’était en quelque sorte une grande répétition avant une nouvelle manifestation à la fin du mois de mai.
Les organisateurs du défilé de samedi, comme le député Insoumis François Ruffin, espèrent en effet avoir déclenché un mouvement populaire qui va s’amplifier et réunir toutes les forces politiques de gauche, les associations citoyennes et les syndicats qui s’opposent aux réformes d’Emmanuel Macron.
Autrement dit, la réussite de la « Fête à Macron » doit aider à organiser la fameuse convergence des luttes évoquée depuis que des mouvements de protestations ont commencé chez les cheminots, à Air France, dans les hôpitaux, les universités.
Un moyen de contrer l’argument avancé par Emmanuel Macron – à savoir qu’il a été élu pour appliquer son programme -, en lui opposant que parmi ceux qui ont voté pour lui au second tour de la présidentielle, beaucoup n’adhéraient pas à ses propositions et sont aujourd’hui prêts à descendre dans la rue pour le dire.
Le pari de La France insoumise, c’est de tenter de contraindre le gouvernement à quelques concessions. Ça n’est pas gagné. A ce stade, l’exécutif n’a pas donné le moindre signe d’infléchissement. Bien au contraire.
Des incidents limités
L’enjeu majeur de cette manifestation était la sécurité, après le défilé mouvementé du 1er-Mai à Paris mardi dernier avec l’irruption de « black blocs ». Les organisateurs avaient prévu deux services d’ordre, la préfecture de police, elle, a déployé 2 000 policiers et gendarmes. Le défilé, qui a démarré place de l’Opéra s’est déroulé dans une ambiance largement festive, jusqu’à la place de la Bastille. A l’arrivée du cortège, un fumigène a été lancé à l’intérieur d’un camion-régie de la radio France Info dont une vitre avait été brisée. Personne ne se trouvait à l’intérieur du véhicule, mais un policier a été légèrement blessé par un jet de projectile lors de l’extraction du véhicule.
RFI