Législatives au Liban: les attentes des électeurs

Quelque 3,7 millions d’électeurs libanais sont appelés ce dimanche à renouveler leur Parlement, une première en 9 ans. Le contexte de guerre en Syrie et l’absence de consensus sur la loi électorale au Liban ont retardé les élections qui ont lieu normalement tous les 4 ans. Nouveauté de ce scrutin législatif, la proportionnelle qui pourrait faire émerger des nouveaux députés issus de la société civile, même si les grands partis devraient se maintenir au pouvoir. Reportage.

Avec notre envoyée spéciale à Beyrouth,  Murielle Paradon

Marie Berbédian a 28 ans, elle soutient le parti de la communauté arménienne Tachnag. Il y a des jeunes sur la liste et elle espère qu’ils soient élus pour renouveler la classe politique : « La priorité c’est qu’on s’occupe des jeunes parce que les jeunes ne voient pas d’avenir dans le pays. Il faut nous donner des opportunités pour étudier et pour trouver un travail pour qu’on puisse faire quelque chose de nos vies. »

Abbas Rida, lui, vote Hezbollah, le puissant parti chiite, considéré comme terroriste en Occident mais qui fait partie de la coalition gouvernementale au Liban : « Pourquoi je vote pour le Hezbollah ? Parce que ce sont des résistants comme le peuple français, quand il a défendu et libéré sa terre. Le parti a fait de son pays une entité forte et établit la paix et la sécurité. »

Et puis il y a les abstentionnistes comme Salah Hadandaleh, commerçant, la cinquantaine : « Les élections ce dimanche c’est du toc ! Parce que c’est toujours les mêmes candidats qui reviennent. Il y a une génération qui part, les enfants reprennent la suite ! C’est la même politique, rien ne change. » Salah Hadanladeh ne fait pas confiance non plus aux nouveaux candidats qui se présentent. Ce sont de parfaits inconnus dit-il, qui n’ont aucune chance.

Maya vit à Beyrouth, cette jeune mère de famille ne croit pas non plus à un renouveau de la classe politique et n’ira pas voter : « Je ne voterai pas parce que ça ne m’intéresse pas, c’est tout le temps les mêmes personnes qui sortent, il n’y a pas de place pour les jeunes, pas de place pour le renouveau, on dirait que c’est des dynasties qui se succèdent (…) Je trouve ça dommage pour le Liban et les jeunes veulent changer les choses. Il y a beaucoup de jeunes qui se sont présentés aux élections, mais je ne pense pas que ça aboutira à quoi que ce soit parce qu’il y a toujours les mêmes personnes qui sont grippées à leur siège. »

RFI