Etats-Unis: les trois prisonniers retenus en Corée du Nord de retour au bercail

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo et les trois otages qu’il ramène de Corée du Nord ont atterri aux Etats-Unis, sur la base militaire Andrews, où le président Donald Trump est venu les accueillir. La libération de ces trois Nord-Américains intervient en prélude à l’organisation d’un sommet entre le dirigeant nord-coréen et le président américain.

avec notre correspondante à Washington, Anne Corpet

C’était sans doute une condition préalable à l’organisation d’une rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un. La libération des trois Américains est en tous cas un geste tangible du dirigeant nord-coréen pour illustrer sa volonté de renouer le dialogue avec les Etats Unis, sur lequel il ne pourra pas revenir. Et le retour de ces trois otages va permettre à l’hôte de la Maison Blanche d’affirmer que sa stratégie peut donner des résultats. Les images de Donald Trump sur un tarmac en pleine nuit accueillant les trois détenus libérés, réconforteront sans doute les électeurs après le tonnerre de protestations suscité par la sortie de l’accord sur le nucléaire iranien.

La presse nord-coréenne tout sourire

A Pyongyang, le Rodong Sinmun, le quotidien des Travailleurs nord-coréen, publie en première page des photos étonnantes, rapporte notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias. On y voit Mike Pompeo et Kim Jong-un tout sourire, échangeant des poignées de main. Il se dégage de ces images une forte impression de bonne entente, voire de convivialité.

Une impression confirmée par les propos mêmes du dirigeant nord-coréen, qui a déclaré que son futur sommet avec Donald Trump serait « un excellent premier pas ».

Kim Jong-un a ajouté qu’il « appréciait au plus haut point » les efforts du président américain « pour résoudre la crise à travers le dialogue »… poursuit le quotidien nord-coréen, qui ajoute que le « Leader Suprême » et le secrétaire d’Etat américain étaient parvenus à un « consensus satisfaisant ». Autant d’expressions rares dans les médias officiels de Pyongyang, qui sont sont un signe clair de progrès dans les préparatifs du tête à tête entre Kim et Trump.

Prochaine séance clé : la rencontre avec Kim Jong-un

La Maison Blanche maintient le suspense sur le lieu et la date de ce sommet, le président américain a finalement exclu la zone démilitarisée entre les deux Corées et ce sera sans doute Singapour, le seul autre site publiquement évoqué par Donald Trump. Il faudra ensuite aborder le fond des discussions, et cela promet d’être difficile : les Américains demandent la dénucléarisation totale de la Corée du Nord, mais Pyongyang ne se contentera pas en échange d’une belle séquence télévisée avec le président des Etats-Unis.

Selon le vice-président du parti des travailleurs, principal interlocuteur du secrétaire d’Etat pendant sa visite sur place, la Corée du Nord souhaite « que Washington cesse sa politique hostile et garantisse la sécurité du régime ». Ce qui laisse place à plusieurs interprétations… Et le responsable nord-coréen l’a précisé : le changement de politique à Pyongyang n’est en aucun cas dû aux sanctions… Une sorte de pied de nez à Donald Trump qui ne cesse d’affirmer le contraire.

C’est l’analyse que fait Dorian Malovic, spécialiste de la Corée, joint par RFI.

Cette libération est « une concession de la part du (dirigeant) Nord-Coréen qui montre encore une fois sa bonne volonté. Et si Kim Jong-un est allé deux fois en Chine, c’est qu’il veut assurer ses arrières» et garantir un éventuel accord d’une part par les Chinois et d’autre part par les Russes, de sorte que «Trump ne s’en sortira pas: s’il y a une tromperie dans le processus, eh bien la Corée du Nord pourra dire : « Nous on a fait tout ce qu’il fallait pour que les choses se pacifient dans la région et Trump n’a pas respecté sa parole« .

Là, encore, (Donald Trump) tire la couverture à lui, en disant ou en prétendant que ce sont les sanctions et que c’est grâce à lui, qu’il est en train de faire plier Kim Jong-un. A l’inverse, Kim Jong-un dit: Mais attendez… Soyons clairs. Ce ne sont pas vos pressions qui nous ont fait lancer le processus. C’est nous qui, forts de notre arme atomique, pouvons aujourd’hui lancer notre processus ».

 

RFI