20 militaires maliens tués dans une attaque jihadiste contre leur camp

Vingt militaires tués, cinq blessés et 60 rescapés, des véhicules et des armes emportées: l’armée malienne a subi dimanche avant une nouvelle attaque meurtrière, signe que les jihadistes ne désarment pas malgré les efforts redoublés pour les combattre des troupes maliennes, onusiennes et africaines.

Selon un nouveau bilan donné dans la soirée par l’armée malienne, l’attaque du camp de Sokolo, proche de la frontière mauritanienne, où sont stationnés des éléments de la gendarmerie, est de « 20 morts et 5 blessés » et de « 4 tués côté ennemis ».

Les victimes ont été inhumées dans l’après-midi avec les honneurs militaires à Sokolo, où le « ratissage (est) en cours », ont précisé les Forces armées maliennes sur Twitter. Sokolo est situé dans le cercle de Niono, dans la région de Ségou (centre). Il s’agit de la dernière localité avant la frontière avec la Mauritanie, proche d’une forêt considérée comme un repère de groupes liés à Al-Qaïda.

Des responsables maliens ont attribué ce coup de force à des « terroristes », terme avec lequel ils désignent les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique (EI) qui sévissent au Mali depuis huit ans, malgré des interventions militaires française, de l’ONU et d’une force conjointe de cinq pays sahéliens.

– Une centaine d’assaillants –

« Les assaillants étaient plus d’une centaine. Ils ont ramassé tous leurs corps. Ils n’ont touché à personne dans le village, c’est pourquoi avant l’arrivée du renfort nous avons secouru les blessés et regroupé les victimes », a déclaré à l’AFP un habitant de Sokolo, Baba Gakou. « Ils sont arrivés à 05H00 du matin (GMT et locales). Ils ont coupé la retraite des gendarmes. Les coups de feu ont cessé à 07H00 du matin », a-t-il ajouté.

Selon cet habitant, les assaillants « sont partis avec tous les véhicules des militaires et les armes ».

Une source étrangère informée a indiqué à l’AFP qu' »au moins neuf véhicules de l’armée avaient été emportés ».

« Les militaires tués sont tous des gendarmes », a déclaré un élu de cette localité, qui a affirmé avoir vu « deux autres corps en dehors du camp ».

« Les terroristes sont arrivés à motos. Ils étaient très armés », a-t-il ajouté.

– Le « chaos » dans le camp –

« C’est vraiment un chaos », a pour sa part témoigné une source humanitaire locale ayant pu pénétrer dans le camp après le départ des présumés jihadistes. « Dans le camp, nous avons compté au moins 15 corps de militaires. Tout le matériel militaire a été emporté. On a le sentiment que les assaillants savaient où ils mettaient les pieds », a déclaré cette source à l’AFP.

Des renforts ont été dépêchés sur place de Diabaly, à une dizaine de kilomètres, selon une source militaire malienne.

Le centre du Mali, ainsi que le Burkina et le Niger voisins, ont connu ces derniers mois une succession d’attaques jihadistes meurtrières contre les soldats et les civils, sans que les forces nationales et étrangères présentes dans la région parviennent à les enrayer.

Le nombre de victimes des violences a été multiplié par cinq depuis 2016 au Mali, Burkina et Niger pour atteindre environ 4.000 morts en 2019 selon l’ONU. Le conflit au Sahel a fait des centaines de milliers de déplacés. L’état-major français avait indiqué jeudi que la force antijihadiste au Sahel, Barkhane, avait mis « hors de combat » plus d’une trentaine de jihadistes dans le centre du Mali ces deux dernières semaines. Cinq autres ont été tués le 19 janvier dans une frappe de drone non loin de la frontière nigérienne, avait-il ajouté.

Depuis décembre, Barkhane a annoncé la « neutralisation » de dizaines de jihadistes.

Devant la propagation jihadiste, le président français Emmanuel Macron et ses homologues du Sahel réunis en sommet le 13 janvier ont affirmé leur volonté de faire porter l’effort militaire sur la région dite des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger), y désignant le groupe Etat islamique au grand Sahara comme l’ennemi prioritaire.

La France a envoyé début janvier 220 soldats pour renforcer les 4.500 de Barkhane déjà déployés au Sahel. Son chef d’état-major vient d’annoncer l’envoi de « moyens supplémentaires » qui devraient être détaillés d’ici à la fin du mois.