Une enquête a été ouverte par Pékin, vendredi, après le décès du médecin Li Wenliang. C’est lui qui a alerté sur l’apparition d’un coronavirus dans le centre du pays, ce qui lui avait valu d’être convoqué par la police fin décembre.
Le pouvoir chinois a annoncé, vendredi 7 février, l’ouverture d’une enquête sur Li Wenliang, défunt médecin de Wuhan, foyer du coronavirus. Fin décembre, il avait été accusé de propager des rumeurs par la police chinoise, après avoir alerté sur l’apparition de ce nouveau virus dans le centre du pays.
Dans un communiqué, l’organe du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, chargé de lutter contre la corruption, a annoncé l’envoi d’une équipe à Wuhan « pour mener une enquête exhaustive sur les circonstances entourant le docteur Li Wenliang, telles qu’elles ont été rapportées par les masses ».
Dans un message électronique adressé à ses collègues, cet ophtalmologue avait fait état de l’apparition d’un coronavirus dans la ville de 11 millions d’habitants.
Il avait pour cela été convoqué par la police, qui l’avait accusé de propager des rumeurs avec sept autres personnes. Il fait désormais figure de héros national face à des responsables locaux accusés d’avoir caché les débuts de l’épidémie.
Un héros salué par les internautes
Considéré comme un héros national par de nombreux internautes chinois, Li Wenliang est décédé, après avoir été contaminé par un patient, à Wuhan, où le bilan continue à s’alourdir. « C’est un héros qui a donné l’alerte au prix de sa vie », écrit l’un de ses confrères wuhanais sur le réseau en ligne Weibo.
« Que tous ces fonctionnaires qui s’engraissent avec l’argent public périssent sous la neige », s’emportait un internaute, dans un commentaire promptement effacé par la censure.
Le docteur Li Wenliang, âgé de seulement 34 ans, est mort à l’Hôpital central de la ville coupée du monde depuis le 23 janvier avec ses 11 millions d’habitants.
Son décès illustre la situation chaotique des hôpitaux de Wuhan, débordés par l’afflux de malades. Un haut responsable provincial a admis, jeudi, que le personnel médical était dépassé et manquait d’équipements de protection pour se prémunir du virus.
La mort de ce médecin a semblé plonger l’appareil du régime chinois dans la stupeur. Des médias publics comme la télévision nationale CCTV et le quotidien Global Times avaient dans un premier temps annoncé son décès dès jeudi soir, avant de retirer cette information des réseaux sociaux.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait même réagi, sans attendre la confirmation de l’hôpital, en exprimant sa tristesse.
Si la mairie de Wuhan a présenté ses condoléances à la famille du médecin, le gouvernement central n’avait pas réagi vendredi en milieu de journée.
Plus de 3 140 nouveaux cas de contamination
Au cours des dernières 24 heures, le bilan de l’épidémie s’est alourdi de 73 décès en Chine continentale, dont 69 au Hubei. Les autorités ont dénombré 3 143 nouveaux cas de contamination.
Sur les 36 000 cas dénombrés au total, 4 800 sont considérés comme graves. En outre, 26 000 cas suspects ont été enregistrés dans tout le pays.
Le taux de mortalité du nouveau coronavirus, autour de 2 %, reste pour l’heure très inférieur à celui du Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait provoqué la mort de 774 personnes dans le monde en 2002-2003.
Avec AFP