Coronavirus: écoles fermées pour 300 millions d’élèves, les mesures préventives se renforcent

L’épidémie de Covid-19 continue de provoquer inquiétude et mesures d’exception dans le monde, privant d’école près de 300 millions d’élèves, vidant les stades et les lieux de culte, au moment où l’OMS regrette que certains pays n’en fassent pas assez pour combattre ce nouveau coronavirus.

En Italie, en Iran, en Corée du Sud, les écoliers sont plusieurs centaines de millions dans le monde à rester à la maison en raison de l’épidémie.

L’Unesco recense 13 pays contraints de fermer toutes leurs écoles, affectant plus de 290 millions d’élèves. Il y a deux semaines, seule la Chine, où le virus est apparu en décembre, avait pris la décision de fermer ses écoles.

En Italie, la fermeture de 58.000 écoles, collèges, lycées et universités est inédite dans l’histoire du pays, où les cours avaient continué même pendant la Seconde guerre mondiale et les bombardements des Alliés.

La décision a été « difficile » et est « lourde » de conséquences économiques, a souligné le Premier ministre Giuseppe Conte.

Une « longue liste » de pays n’en font toutefois pas assez pour combattre le coronavirus, a mis en garde l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Ce n’est pas le moment d’abandonner, ce n’est pas le moment de trouver des excuses, c’est le moment d’y aller à fond », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Anticipant une épidémie durable, la Russie, peu touchée jusqu’à présent (7 cas), a annulé son principal forum économique prévu début juin à Saint-Pétersbourg.

Quant au Parlement européen, il a déplacé sa session plénière de la semaine prochaine de Strasbourg, dans l’est de la France, à Bruxelles, en raison de la progression du virus en France, où plus de 400 cas dont 7 mortels ont été détectés. A Paris, un député et un employé de l’Assemblée nationale ont été contaminés. Un employé du métro parisien et un autre du réseau de bus de la capitale l’ont été également.

« Il y a un moment où, nous le savons tous (…) une épidémie est de toutes façons inexorable », a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron, en ouvrant une réunion sur le sujet avec des experts.
Transports en commun, stades, salles de concerts ou lieux de culte : les espaces fermés accueillant du public deviennent des zones à éviter.

Vingt-et-un passagers d’un car de tourisme revenant de Grèce ont été contaminés selon la Grèce, qui a désormais un bilan de 31 cas.

En Algérie, ce sont 16 membres d’une même famille, sur un total de 17 cas dans le pays, qui ont été contaminés, selon les autorités.

Nombre de pays prennent des mesures d’interdiction de territoire ou de quarantaine préventive pour des voyageurs provenant de pays touchés par l’épidémie. Trente-six pays ont déjà imposé une interdiction totale d’entrée aux personnes arrivant de Corée du Sud, selon Séoul, et 22 autres ont pris des mesures de quarantaine.

Les séjours touristiques en Cisjordanie, où un état d’urgence de 30 jours a été décrété, sont désormais interdits, et la basilique de la Nativité à Bethléem, lieu de naissance de Jésus selon la tradition chrétienne, est fermée. Israël ayant interdit l’accès à son territoire aux ressortissants de plusieurs Etats européens, le groupe aérien Lufthansa a décidé de suspendre tous ses vols vers ce pays à partir du 8 mars.

Le nombre de cas de contaminations dans le monde flirte avec les 100.000 : 85 pays et territoires ont relevé au moins 97.510 personnes infectées, et parmi elles, 3.346 en sont mortes, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles jeudi à 17H00 GMT.

Un peu plus tard, vendredi matin, la Chine, pays le plus touché, a fait état de 30 nouveaux décès, portant à 3.042 le nombre de morts depuis l’éclosion de l’épidémie sur son sol (sans compter les territoires de Hong Kong et Macao). Le nombre quotidien de nouveaux décès varie entre 30 et 40 depuis le 3 mars. Le chiffre de 30 annoncé vendredi est le plus bas depuis le 27 février (29 décès).

Le nombre de nouveaux cas s’élève à 143, portant le total à 80.552. Les autorités chinoises ont aussi annoncé 16 nouveaux cas de contamination importés, pour un total de 36 cas. Dans les bilans, viennent ensuite la Corée du Sud (6.088 cas dont 467 nouveaux, 35 décès), l’Italie (3.858 cas dont 769 nouveaux, 148 décès), l’Iran (3.513 cas dont 591 nouveaux, 107 décès), et la France qui recensait jeudi 423 cas dont 138 nouveaux et 7 décès.

Comme la Suisse, le Royaume-Uni a annoncé jeudi un premier mort dû à l’épidémie, une personne âgée qui souffrait déjà d’une autre pathologie.

Le virus touche chaque jour de nouveaux pays : l’Afrique du Sud a eu son premier cas confirmé jeudi, un homme qui avait récemment séjourné en Italie.

Au Sénégal, l’ONU a annoncé qu’une des quatre personnes contrôlées positives au coronavirus dans ce pays était un de ses employés, une Britannique. Il s’agit du premier cas de contamination parmi le personnel des Nations unies.

Le monde du sport est lui aussi touché: le match de rugby du Tournoi des six nations Italie-Angleterre, prévu à Rome le 14 mars, a été reporté sine die. Le marathon de Paris, prévu le 5 avril, l’a été au 18 octobre.
En quelques semaines, les masques, gels désinfectants, gants ou combinaisons de protection sont devenus des denrées rares.

En France, trois hommes ont été arrêtés pour avoir tenté de vendre 40.000 masques périmés d’origine inconnue.

Nombreux sont les Etats à prendre des décrets pour interdire l’exportation du matériel médical.

En Chine, la quarantaine à laquelle Wuhan et sa province – épicentre de l’épidémie – sont soumises depuis fin janvier, ainsi que la limitation des voyages dans le pays, semble porter ses fruits : le nombre de nouveaux décès a baissé ces dernières semaines et plus de 50.000 personnes ont été guéries.

Revers de la médaille, les mesures drastiques de confinement paralysent l’économie du géant asiatique et menacent par ricochet la croissance mondiale.

Le gouvernement italien, premier foyer européen de contamination, a mis en place un plan de 7,5 milliards d’euros pour faire face à l’épidémie et ses conséquences.

Aux Etats-Unis, ce sont 8,3 milliards de dollars que le Congrès a prévu pour financer un plan d’urgence de lutte contre le coronavirus. Car il continue de se propager, avec notamment trois nouveaux cas recensés jeudi soir dans le petit Etat du Maryland (est), aux portes de la capitale fédérale Washington DC jusqu’à présent encore épargnée officiellement.

Autre conséquence : la chute brutale du trafic aérien dans le monde, qui pourrait faire perdre jusqu’à 113 milliards de dollars de revenus aux compagnies, alerte l’association internationale du transport aérien (Iata).

La Britannique Flybe, qui emploie 2.000 salariés, a cessé ses activités et a été placée en redressement judiciaire, tandis que la Portugaise TAP a annoncé jeudi la suppression de près de 1.000 vols en mars et en avril.

Aux Etats-Unis, Wall Street a terminé en baisse de 3,59% jeudi en raison des inquiétudes des investisseurs.