Le défi, déjà complexe après des désillusions en série en Ligue des champions, s’est renforcé d’un huis clos inattendu: défait 2-1 à l’aller, le PSG est condamné à l’exploit contre Dortmund en 8e de finale retour mercredi (21h00/20h00 GMT), malgré l’absence de ses supporters.
Paris sera-t-il plus fort que le coronavirus et le Borussia d’Erling Haaland ? Avec ou sans sa star Kylian Mbappé, absent à l’entraînement en raison d’une angine mais espéré dans le onze parisien, le club français doit réaliser le match européen parfait dans un Parc des Princes vide et sans âme.
En jeu, l’accès au Top 8 européen qui se refuse à lui depuis 2016, et la crédibilité du projet qatari, programmé aux plus grands succès grâce à ses investissements faramineux depuis 2011 mais devenu la risée de la planète foot par sa propension à se saborder dans les moments clés.
A l’aller, l’ambiance survoltée du « Mur jaune » avait transcendé les joueurs de Dortmund pour leur permettre de remporter la première manche. Au retour, Paris misait sur l’appui de ses 48.000 supporters pour renverser la situation lors du rendez-vous le plus important de sa saison. Raté !
Les autorités françaises en ont décidé autrement lundi en raison de la propagation du Covid-19, qui a contaminé plus de 1.600 personnes sur le territoire selon le dernier bilan officiel.
Comme si le PSG, traumatisé par trois éliminations consécutives en 8es de finale de C1, voyait le sort s’acharner sur son rêve européen après les deux blessures de Neymar, la « remontada » de Barcelone en 2017, la leçon du Real Madrid en 2018 et l’incroyable « come-back » de Manchester United en 2019…
– Atmosphère « bizarre », supporters incrédules –
Le vice-capitaine parisien Marquinhos souhaitait un report pour pouvoir jouer devant son public ? Un voeu impossible à concrétiser pour l’UEFA, contraint par un calendrier serré. De quoi désespérer les supporters parisiens, incrédules face à une telle malédiction…
Si les joueurs ne verront sans doute jamais le tifo préparé depuis plusieurs semaines par le Collectif ultras Paris (CUP), le principal groupe de supporters a toutefois invité les fans parisiens à se réunir mercredi devant le Parc aux alentours de 19H00 (18H00 GMT), pour que « les joueurs (les) entendent de l’extérieur. »
Dans le stade, l’atmosphère s’annonce « bizarre », comme l’a reconnu mardi l’entraîneur parisien Thomas Tuchel. « On va jouer sans spectateurs, sans supporters. Dans un match comme celui-là, c’est super important pour créer une ambiance spéciale, pour créer de la pression sur nos adversaires. »
Surclassé à Dortmund par la fougue d’Erling Haaland et l’intelligence tactique d’Emre Can, deux joueurs recrutés cet hiver au prix d’un Leandro Paredes, le PSG a payé sa mauvaise préparation entre jeu stéréotypé, reposant sur les éclairs de ses individualités, et bloc défensif trop friable.
Principal cible des critiques ? Thomas Tuchel, auteur d’un pari tactique raté à l’aller. Le technicien allemand, qui joue son avenir dans la capitale, est condamné à s’appuyer cette fois sur son 4-4-2 préférentiel.
– Mbappé « peut être dans le groupe » –
Avec quels joueurs ? Si l’identité du onze de départ est connue à 80%, deux joueurs majeurs posent encore question: Kylian Mbappé et Thiago Silva.
Le capitaine parisien, engagé dans une course contre la montre après sa blessure musculaire, est en passe de réussir son pari.
Quant au champion du monde français, malade, il a manqué les deux derniers entraînements. De quoi semer le doute sur sa participation ? « Je pense qu’il peut être dans le groupe », a espéré Tuchel, sans en dire plus.
Toutes les meilleures armes parisiennes seront nécessaires car Dortmund, de son côté, a poursuivi sans encombre sa préparation en s’imposant samedi à Mönchengladbach (2-1) en Bundesliga.
La confiance est telle côté allemand, que le patron du Borussia, Hans-Joachim Watzke, s’est même permis un coup de pression médiatique: « Pour (les Parisiens), le monde va s’effondrer s’ils sont éliminés. Je crois que nous avons maintenant un avantage psychologique ».
Avec un budget presque deux fois inférieur au PSG (377,1 contre 635,9 M EUR, selon le cabinet Deloitte), Dortmund n’a pas la même pression.
Depuis sa finale perdue en 2013, le Borussia n’a même atteint qu’une fois les quarts avec… Thomas Tuchel sur le banc. Celui qui est désormais l’entraîneur du PSG est condamné à faire au moins aussi bien sous ses nouvelles couleurs pour éviter à Paris une énième catastrophe industrielle.