L’instrumentiste belgo-sénégalais Issa Mbaye Diary Sow, actuellement au Sénégal pour présenter son dernier album intitulé « Aynaabé » (Bergers), sorti le 25 octobre dernier, a plaidé pour l’ouverture d’une école dédiée aux instruments traditionnels, une manière selon lui de poursuivre la transmission.
Le musicien est engagé depuis plusieurs années pour la valorisation du « riti » – « nianiérou » chez les Peulhs -, l’instrument de prédilection de Issa Mbaye Diary Sow, qu’il joue depuis plus de 40 ans.
« Il faut une école pour valoriser le riti, pour que tous les instruments traditionnels soient universels et pris en compte dans les musiques du monde », a dit l’artiste, jeudi, au cours d’une conférence de presse, à Dakar.
« La façon dont on a appris à jouer le +riti+ n’existe plus, les temps ont changé. Avant, on n’avait pas d’école pour apprendre ces instruments traditionnels. On suivait nos aînés lors des veillées nocturnes et le lendemain, on les imitait. Aujourd’hui, avec la vie moderne, il faut construire des écoles dédiées à tous les instruments traditionnels du pays », a-t-il dit.
Issa Mbaye Diary Sow, ancien pensionnaire de l’Orchestre national du Sénégal, a déjà dispensé des cours de « riti » au conservatoire de Dakar. « Il faut que cela revienne », lance-t-il.
Son nouvel album international coproduit par « Afrik’Consult » (France) et « Homerecords » (Belgique) se veut « une ode aux musiques pastorales », Issa Mbaye Diary Sow ne s’inspirant que de son terroir du Djoolof.
« Je ne parle que du berger, ce sont mes origines, tout petit j’ai été berger et le riti m’accompagnait dans mes pérégrinations », a expliqué l’artiste.
Sa nouvelle production de onze titres est ponctuée de contes dont les messages sont livrés à travers des histoires, avec la participation de la jeune sénégalais Adama Camara.
Selon l’artiste, cet album est le fruit de recherches consacrées au chant pastoral, dans le sillage de l’album « Doumalé », sorti par Issa Mbaye Diary Sow en 2009.
« Aynaabé » revisite ainsi son royaume d’enfance. L’album rend également hommage à « un ami » de l’artiste, « un républicain, un homme d’Etat et de conviction », à savoir l’ancien ministre Djibo Leity Ka, décédé en septembre 2017 à l’âge de 69 ans, à travers le titre « Yéwende Jubo Ka » (Nostalgie de Jubo Ka).
Issa Sow invite par ailleurs deux violonistes dans son nouvel album, le Belge Wouter Vandenabeele et le Syrien Shalan Alhamwy, histoire de mieux contribuer à la valorisation de la culture peulh et nomade.
Le virtuose du xalam (guitare traditionnelle sénégalaise) Malick Pathé Sow a également participé à cet album, de même que Bao Sissoko (kora), entre autres artistes invités.
Issa Mbaye Diary Sow qui se produit vendredi à l’Institut français de Dakar et samedi à Saint-Louis, a réservé la date du 29 février prochain à son ami Djibo Leity Ka, pour lui rendre hommage dans son Djoolof natal.
Il se produira aussi au Marché des arts et du spectacle d’Abidjan (MASA), du 7 au 14 mars prochains, en même temps que l’Orchestre national du Sénégal, également convié, par le biais du label « Afrik’Consult » de Latsouck Ndiaye.