Trump n’envisage pas le confinement fédéral, l’ombre du coronavirus plane sur les primaires

Lors d’une nouvelle conférence de presse lundi 16 mars à la Maison Blanche, Donald Trump, dont le ton est plus grave qu’il y a encore quelques jours, a appelé les Américains à éviter les rassemblements de plus de dix personnes et à rester chez eux au maximum. Mais toujours aucune décision de confinement ou de fermeture d’écoles au niveau national. Plusieurs États ont décidé de reporter la primaire démocrate.

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Avec notre correspondante à New York, Loubna Anaki

Après des semaines d’hésitation, le président américain a changé de ton face à la pandémie. Même s’il a décrété l’état d’urgence et suspendu les vols avec l’Europe, Donald Trump, affirmait encore ce dimanche qu’il fallait se détendre et que l’épidémie allait passer. Il a finalement reconnu ce lundi que le pic était encore à venir.

Le président américain a évoqué une possible fin de la pandémie aux États-Unis en juillet ou en août. Et il a invité la population à prendre des mesures pour éviter la propagation du virus.

« Nous avons pris la décision de durcir nos directives et de réduire l’infection. Nous préférons être en avance sur le pic de l’épidémie plutôt qu’en retard et c’est là où nous en sommes. En conséquence mon administration recommande aux Américains, y compris aux jeunes en pleine santé, de recourir à l’enseignement à distance quand cela est possible, d’éviter les rassemblements de groupes de plus de dix personnes, d’éviter les voyages non indispensables, et d’éviter de boire et de manger dans les bars, les restaurants et les lieux de restauration publics. Si tout le monde opère ces changements essentiels, réalise ces sacrifices maintenant, nous nous rassemblons ensemble en une nation, nous battrons ce virus et nous fêterons cela tous ensemble. »

Donald Trump a précisé qu’à ce stade, aucune mesure de confinement général n’était envisagée aux États-Unis, mais qu’elle pourrait être envisageable pour d’importants foyers de contamination.

Dans la région de Seattle, fortement touchée, plusieurs hôpitaux ont suspendu les opérations non urgentes afin de faire face à un éventuel afflux de malades du coronavirus. Le maire de New York, Bill de Blasio, a également annoncé qu’il allait
signer un décret en ce sens.

Par ailleurs, alors que Wall Street toujours, le président américain n’a pas exclu une récession.

Passe d’armes avec le gouverneur de New York

Les restrictions concernant les restaurants, les bars et cafés entrent en vigueur aujourd’hui, le gouverneur de New York a annoncé qu’il se joignait aux deux États voisins, le New Jersey et le Connecticut, pour adopter des politiques similaires. Seul moyen selon lui d’être efficace face à la pandémie. Andrew Cuomo a notamment dénoncé le manque de directives communes à tout le pays.

« On voit un mélange de décisions prises à travers le pays. Tel état fait ci, tel État fait ça, telle ville fait ça. C’est le chaos ! C’est une crise nationale et nous avons besoin d’une direction au niveau fédéral », a-t-il martelé.

Des critiques qui n’ont pas beaucoup plus à Donald Trump qui à la suite d’une visioconférence avec tous les gouverneurs a taclé Andrew Cuomo. Sur Twitter,le président appelle le gouverneur new-yorkais à « faire mieux ».

Réponse immédiate de l’intéressé :¯« Je serais plus que ravi de faire le boulot à votre place », écrit Andrew Cuomo en ajoutant : « donnez-moi le contrôle de l’armée et je m’occupe du reste ».

New York et ses deux voisins ont d’ailleurs annoncé qu’ils allaient commencer à réquisitionner tout espace qui pourrait être transformé en unité de réanimation. Étant donné que le président refuse toujours de mobiliser l’armée pour construire des hôpitaux d’urgence.

La tenue des primaires menacée ? Le Kentucky et l’Ohio les ajournent

Le nombre de cas confirmés du coronavirus aux États-Unis a franchi lundi la barre des 4200 cas, dont plus de 70 morts. Meetings annulés, débat sans public : la pandémie affecte la campagne présidentielle américaine.

Faut-il dans ce contexte reporter les primaires ? Pour le président, c’est niet, au niveau fédéral en tout cas. « Je laisse aux États le soin de décider, c’est une chose importante que de reporter une élection (…) mais je pense que les reporter est inutile », a déclaré Donald Trump depuis la Maison Blanche.

Peu après cette déclaration, le secrétaire d’État du Kentucky, chargé de l’organisation des élections dans cet État du centre, a annoncé qu’il repoussait les primaires, initialement prévues le 19 mai, jusqu’au 23 juin. « Il pourrait y avoir d’autres changements mais il s’agit d’une première étape pour ménager du temps et protéger au mieux nos citoyens », a déclaré le républicain Michael Adams, en affirmant que le gouverneur démocrate du Kentucky soutenait également cette « décision difficile ».

Même tournure prise dans l’Ohio, alors que les bureaux devaient ouvrir ce mardi. Le gouverneur républicain, Mike DeWine, avait annoncé hier qu’il recommandait de repousser les primaires prévues mardi dans son État « jusqu’au 2 juin 2020 ». Un juge de cet État a ensuite rejeté cette demande, qui faisait alors l’objet d’un appel. La décision finale aboutit bien à un report de la primaire : Mike DeWine a affirmé sur Twitter, tard lundi soir, que voter en pleine crise de Covid-19 « forcerait les employés des bureaux de vote et les électeurs à se placer dans une situation inacceptable de danger ». Dès lors, sa responsable des services de santé « va ordonner la fermeture des bureaux de vote pour urgence sanitaire », a-t-il précisé. Ses équipes chercheront auprès de la justice le moyen de permettre aux électeurs de voter d’une autre façon.

Ce mardi, seuls l’Illinois, la Floride et l’Arizona voteront, ou finiront un processus entamé parfois largement par un vote à distance. La Louisiane, la Géorgie et le Wyoming ont également décidé de reporter leurs primaires.

rfi