Les Sénégalais ont entamé mardi l’état d’urgence décrété par le président de la République, Macky Sall, une situation qu’ils n’avaient plus vécue depuis le conflit sénégalo-mauritanien de 1989.
Cette mesure assortie d’un couvre-feu a été a été prise lundi par le chef de l’Etat dans le but d’éradiquer la maladie à coronavirus, dont le premier cas a été recensé le 2 mars dernier.
Elle est entrée en vigueur depuis mardi à minuit.
‘’La vitesse de progression de la maladie nous impose de relever le niveau de la riposte. A défaut, nous courons un sérieux risque de calamité publique. En conséquence, en vertu de l’article 69 de la Constitution et de la loi 69-29 du 29 avril 1969, à compter de ce soir à minuit, je déclare l’état d’urgence sur l’étendue du territoire national’’, a annoncé le chef de l’Etat, lundi soir.
Cette mesure est assortie d’un couvre-feu sur l’étendue du territoire national, de 20 heures à 6 heures, a précisé Macky Sall dans une déclaration diffusée par la RTS, la télévision publique.
‘’L’état de siège, comme l’état d’urgence, est décrété par le président de la République. L’Assemblée nationale se réunit alors de plein droit, si elle n’est pas en session. Le décret proclamant l’état de siège ou l’état d’urgence cesse d’être en vigueur après douze jours, à moins que l’Assemblée nationale, saisie par le président de la République, n’en ait autorisé la prorogation. Les modalités d’application de l’état de siège et de l’état d’urgence sont déterminées par la loi’’, explique le quotidien Le Soleil, se basant sur la Constitution.
Selon le journal gouvernemental, ‘’l’état d’urgence est proclamé dans trois cas au Sénégal : péril résultant d’atteintes graves à l’ordre public, menées subversives compromettant la sécurité intérieure et événements présentant le caractère de calamité publique’’.
Il se traduit par l’‘’interdiction de la circulation des personnes, des véhicules ou des biens dans certains lieux et à certaines heures’’, et ‘’l’institution de zones de sécurité où le séjour des personnes est réglementé ou interdit’’.
S’y ajoutent ‘’l’interdiction de séjour dans tout ou partie d’une ou de plusieurs circonscriptions, l’interdiction à titre général ou particulier, de tous cortèges, défilés, rassemblements et manifestations sur la voie publique’’.
C’est aussi une période durant laquelle la surveillance des frontières est renforcée, et la réquisition des personnels et de leurs biens une éventualité. ‘’En plus, la fermeture des lieux publics, et l’interdiction de la tenue de réunions privées et publiques sont aussi prévues par l’article 6 de la loi.’’
L’état d’urgence n’est pas une situation inédite au Sénégal. Le président Abdou Diouf a décrété l’état d’urgence et le couvre-feu après la montée de la violence lors du conflit sénégalo-mauritanien, en 1989.
En 1988, dès l’annonce des premiers résultats de l’élection présidentielle, des étudiants descendent dans la rue et se heurtent aux forces de l’ordre. Le président Diouf décrète l’état d’urgence décrété à Dakar.
L’année blanche est décrétée dans les écoles et à l’université.
Son prédécesseur, Léopold Sédar Senghor, a eu aussi à instaurer l’état d’urgence lors de la crise de 1962, marquée par l’arrestation et l’emprisonnement du président du Conseil, Mamadou Dia, accusé de tentative de coup d’Etat.
Mardi, sept nouvelles contaminations au coronavirus sont venues s’ajouter aux 12 enregistrées lundi, portant ainsi à 86 le nombre de personnes infectées depuis le 2 mars. Huit patients ont été déclarés guéris par le ministère de la Santé.
’’L’épidémie, qui était confinée à un seul foyer, s’est étendue à d’autres localités du pays. Cela veut dire que le virus gagne du terrain. J’ajoute qu’à ce jour, il n’y a ni vaccin, ni médicament homologué contre le coronavirus’’, a précisé Macky Sall.