Le président brésilien a de nouveau pris part, dimanche, à un rassemblement de manifestants qui réclamaient la fermeture du Congrès et une intervention militaire pour mettre fin au confinement.
Des partisans du chef de l’État ont organisé, ce dimanche, différents rassemblements politiques à travers le Brésil, pays d’Amérique latine le plus touché par l’épidémie, avec 38 654 cas d’infection confirmés dimanche et 2 462 décès causés par le Covid-19.
« Je crois qu’au Brésil, nous ne voulons rien négocier… » Debout sur un pick-up, le président s’est lui adressé à la foule qui s’était massée devant le quartier général de l’armée à Brasilia, quelques centaines de supporters, pour la plupart vêtus du maillot jaune et vert de l’équipe nationale de football.
Son discours a été diffusé en direct sur les réseaux sociaux. Les sympathisants, tout en faisant fi des mesures de confinement, ont réclamé l’intervention de l’armée et un nouvel acte « AI-5 ». Une référence au décret qui, en 1968, avait renforcé la dictature militaire en fermant le Congrès et en donnant les pleins pouvoirs au président.
Lors de sa brève allocution, le président d’extrême droite a repris des thèmes qui sont devenus habituels. Qualifiant de « patriotes » les partisans présents au rassemblement, Bolsonaro a déclaré qu’ils contribuaient à défendre les libertés individuelles qui sont, selon lui, menacées par les restrictions imposées par les gouverneurs.
Vague d’indignation
Le soutien du président au retour de la dictature militaire a provoqué une vague d’indignation dans le pays. Le président de la Chambre des députés, sans mentionner le nom de Bolsonaro, a condamné tout rassemblement qui appelle à l’abolition des droits constitutionnels. Dans une lettre envoyée au Congrès, 20 gouverneurs ont aussi apporté leur soutien à la démocratie.
L’ancien président Fernando Henrique Cardoso, de son côté, a appelé à « faire bloc autour de la Constitution contre toute menace visant la démocratie ». La Cour suprême a également critiqué l’attitude du président Jair Bolsonaro. Une attitude qui d’après le journal O Globo aurait même provoqué un grand sentiment de malaise parmi les responsables militaires. Des militaires qui soutiennent le confinement, tout comme une majorité de Brésiliens malgré son impact sur l’économie.
Le président brésilien a limogé jeudi son ministre de la Santé avec lequel il était en désaccord au sujet de la lutte contre le coronavirus. Bolsonaro a affirmé plus tôt ce mois-ci que la société brésilienne serait incapable de tenir plusieurs mois en confinement.
rfi