Coronavirus: en Seine-Saint-Denis, les associations face à une nouvelle précarité

Avec le confinement, beaucoup d’habitants de ce département limitrophe de Paris se retrouvent éloignés du travail et voient leurs revenus fortement diminués. Le gouvernement a annoncé une aide alimentaire d’urgence de 2,6 millions d’euros qui devrait bénéficier à 25 000 foyers du 93.

En 20 ans, l’association Rougemont Solidarité à Sevran a vu défiler 1 000 visages de la précarité : SDF, mères seules, travailleurs immigrés. Mais avec ce confinement, quelque chose a changé pour Cherifa Bounoua, la coordinatrice : « Des gens qui avaient des CDD, des gens qui étaient en intérim, ceux-là ont perdu leur boulot, même le chômage partiel des auto-entrepreneurs, explique-t-il. Donc le chiffre grossit. C’est simple, on a commencé avec une cinquantaine de SDF, et même pas une quinzaine de familles au début, là on touche presque 200 personnes. »

Le plan d’aide du gouvernement est censé répondre à cette urgence par l’intermédiaire des mairies. Mais c’est l’après-confinement qui inquiète le plus Victorin Gokpon, figure de l’entreprenariat local : « Si on additionne les problèmes sanitaires aux problèmes économiques, aux problèmes d’emploi, la situation est devenue explosive, prévient-il. Il faut que l‘État se réveille sur ces quartiers-là. Moi, j’imagine un taux de chômage aux alentours du mois de septembre qui va doubler. On va être à 20% de chômeurs. Donc, cela veut dire que la situation des quartiers va encore s’aggraver. Donc il faut anticiper tout cela et malheureusement, on ne peut faire appel qu’à l’État. »

Et l’entrepreneur de s’interroger : plutôt que du saupoudrage, pourquoi ne pas saisir les circonstances exceptionnelles pour enfin engager des investissements massifs dans l’économie des quartiers.

rfi