Port du masque, horaires décalés, télétravail, chômage partiel… Édouard Philippe consulte ce jeudi les partenaires sociaux sur les modalités de reprise économique à partir du 11 mai. Pour plusieurs PME, la reprise de l’activité s’annonce très compliquée au point de vue organisationnel.
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Avec une contraction de 5,8% au premier trimestre, l’économie française est officiellement en récession, notamment à cause du confinement mis en place pour freiner l’épidémie de Covid-19. Il y a donc urgence à relancer l’activité économique. Comment ? Avec quels moyens ? C’est tout l’enjeu des discussions qui doivent se tenir ce jeudi à Matignon. Le Premier ministre Édouard Philippe a d’ores et déjà demandé « avec insistance » aux entreprises de maintenir le télétravail autant que possible et de veiller à équiper les salariés en masques pour les entreprises où leur présence est requise. Mais les incertitudes sont encore nombreuses concernant la sortie progressive du confinement et les modalités de reprise de l’activité à compter du 11 mai.
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Sophie Marcou est PDG de MTB, une PME de maintenance de chauffage et de climatisation. Pour elle, la reprise de l’activité le 11 mai est un vraie casse-tête : « Dans une société de maintenance, les techniciens de maintenance interviennent. Donc, ils ont des autorisations particulières que je leur fournis. Et je ne sais toujours pas si ces autorisations, je les mets jusqu’au 11 mai ou jusqu’au 1er juin. Je ne sais pas, explique-t-elle. Je ne sais toujours pas actuellement si les personnes qui gardent leurs enfants à domicile vont pouvoir reprendre une activité ou pas. Donc, c’est compliqué. »
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Jean-François Durand dirige Techmo Hygiène, une entreprise d’assainissement et de lutte contre les nuisibles. Son souci est de trouver suffisamment de matériel de protection pour ses employés. « Mon principal problème, c’est d’être sûr que je vais avoir du matériel de sécurité, du matériel pour travailler, souligne-t-il. J’attends 5 000 masques depuis trois semaines. Heureusement, j’en avais, mais j’ai la moitié de ma commande qui est restée coincée quelque part, on ne sait pas où. Et ça, c’est un vrai sujet, et ça demande énormément d’énergie pour dire : où est-ce que je vais avoir ce qu’il faut pour que mes gens travaillent en toute sécurité. »
« Avec ou sans masque, il faudra faire avec »
Imanol Galdos est mécanicien à Hendaye, ville du sud-est de la France, près de la frontière espagnole. Son garage est fermé depuis le début du confinement. Actuellement au chômage partiel, il se prépare à reprendre le 11 mai prochain. « L’ouverture est prévue. Là, ils sont en train de relancer les clients pour pouvoir reprendre l’activité, témoigne le salarié qui a été informé par son patron. On va pouvoir reprendre le travail à partir du 11 mai, par contre je ne pense pas que ce sera à temps plein. Ce sera à temps partiel, que le matin ou que l’après-midi avec des roulements en fonction du nombre d’employés présents. »
Le mécanicien dit ne pas être particulièrement inquiet concernant la sécurité sanitaire et les équipements de protection. « De toute façon, dans un sens ou dans l’autre, il faudra faire avec, affirme-t-il. Après oui, je pense qu’il n’y aura pas assez de masques pour tout le monde, pas tout de suite. Ça, ce sont des certitudes, pas des inquiétudes. Nous, au niveau gants ou savons ou autres, par rapport à notre secteur d’activité, on travaille déjà avec. Après les masques, je pense que ça va être un problème. Donc, il va falloir faire avec, avec ou sans masques. »
Pour lui, la priorité c’est désormais de reprendre le travail. « Ce n’est pas possible de continuer comme ça, ni pour moi, ni pour personne. Ni pour le pays, on ne peut pas, estime-t-il. Et ça ne va pas disparaître du jour au lendemain, donc il va falloir faire avec. »
Face à la complexité de la reprise de travail, les organisations patronales demandent que le financement par l’État du chômage partiel soit prolongé au-delà du 1er juin.
rfi