En un peu plus d’un mois, près de 10 000 récalcitrants ont été cueillis et près de 5 000 véhicules immobilisés par la Police et la Gendarmerie pour violation des dispositions de l’Etat d’urgence et de couvre-feu dans tout le territoire sénégalais.
Le 23 mars dernier, la propagation du Covid-19 au Sénégal avait amené le président Macky Sall à décréter l’Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu. Une mesure exceptionnelle qui sera suivie par un arrêté du ministre des Transports terrestres, interdisant la mobilité interurbaine. Chargées de l’application de la directive présidentielle, les hiérarchies de la Gendarmerie et de la Police sont montées alors au créneau. Chacune de ces institutions mettra en branle, dans ses secteurs de compétence, un dispositif opérationnel d’intervention, de dissuasion, de veille…, pour un maillage tissé à l’échelle nationale. Les résultats sont parlants : près de 10 000 récalcitrants ont été cueillis et près de 5 000 véhicules immobilisés par la Police et la Gendarmerie pour des violations diverses des dispositions de l’Etat d’urgence et de couvre-feu (20h-6h) dans tout le territoire sénégalais. Une efficacité qui sera relativisée par l’émergence d’une nouvelle équation : les cas issus de la transmission communautaire véhiculés à travers le pays par des conducteurs de motos Jakarta et autres automobilistes véreux.
Une nouvelle donne qui a amené les forces de la Gendarmerie et de la Police à ajuster leurs stratégies d’actions sur le terrain. Du côté de la Gendarmerie, le Haut Commandement, qui a quotidiennement réquisitionné 2 642 éléments sur le terrain, a impulsé une nouvelle dynamique articulée par le Poste de commandement opérationnel, logé à la caserne Samba Dièry Diallo de Colobane. Sous la houlette du Colonel Papa Diouf, les six Légions de Gendarmerie du pays vont, du début de l’Etat d’urgence à la date du 28 avril dernier, mettre le grappin sur 1 027 individus pour violation de l’interdiction de la mobilité interurbaine. Les dispositifs, déployés sur des axes routiers stratégiques, ont immobilisé 1 342 voitures et 1 533 motos sur l’étendue du territoire national.
Du côté de la Police, du 24 mars au 26 avril, un total de 6 682 personnes ont été appréhendées pour diverses infractions, dont celle relative à la violation de la mesure de restriction de la mobilité interurbaine. Dans la même période, les agents postés sur des axes routiers ont procédé à l’immobilisation de 2 570 véhicules, dont 301 pour violation de la mesure d’interdiction de la circulation interurbaine.
Les régions de Diourbel, Tamba et Dakar, championnes de la violation de la circulation interurbaine
A l’analyse des statistiques livrées par les hommes du Colonel Papa Diouf, du Poste de commandement opérationnel de la Gendarmerie, les régions de Diourbel, Tamba et Dakar passent pour les championnes de la violation de la circulation interurbaine. Avec un total de 669 personnes arrêtées, 610 véhicules et 600 motos immobilisés à la date du 28 avril, la Légion centre-ouest de la Gendarmerie (région de Diourbel) enregistre le plus grand nombre d’interpellés et de moyens roulants immobilisés. La Légion Est (Tamba – Kédougou) arrive en deuxième position avec 138 personnes appréhendées, contre 511 véhicules et 805 motos. Suit la Légion Ouest (Dakar), qui totalise 173 personnes interpellées, contre 67 véhicules et 79 motos immobilisés. Suivront les Légions Sud (37 personnes interpellées, 154 véhicules et 49 motos immobilisés), du centre (7 personnes interpellées) et du nord (3 personnes interpellées). Soit un total de 1 027 personnes interpellées, 1 342 véhicules et 1 533 motos immobilisés à l’échelle nationale.
Ces subterfuges déroulées par les «Jakartamen» et automobilistes véreux
Décidés à contourner les dispositifs routiers mis en place par la Gendarmerie et la Police, des conducteurs de motos Jakarta, ainsi que des automobilistes véreux (Allo Dakar – Ndiaga Ndiaye – clandos – particuliers) sont parvenus à convoyer clandestinement des clients dans différentes localités du pays. Il y a l’exemple du «1er cas de Sédhiou» qui a rallié cette ville du sud à bord de motos, véhicules…, en provenance de Louga. Ces pistes empruntées se trouvant dans des secteurs de compétence de la Gendarmerie, le Haut Commandement de la Gendarmerie sortira les grands moyens pour stopper la saignée. Une nouvelle carte d’occupation du terrain est élaborée par le Poste de commandement opérationnel et des moyens humains et logistiques conséquents sont mis en branle. Ce qui a permis aux pandores de cerner les subterfuges des clandestins.
«Dans un premier temps, ce sont les populations elles-mêmes qui ont incité certains Jakartamen à ce trafic. Prenez l’exemple d’une personne qui cherche à rallier Dakar depuis Thiès. Il se présente à pied à la périphérie de Thiès, affrète une moto qui emprunte des pistes pour contourner les check-points jusqu’à Diamniadio et accède tranquillement à Dakar. Ce conducteur qui réussit cette mission sera imité par d’autres et au final, vous avez un véritable trafic. Nous avons contenu ce business lucratif, mais délictuel, en redéployant les hommes, renforcés par un appuie aérien (aéronefs) qui ont une vue plus dégagé du terrain. Ensuite, ils ont changé de subterfuge et ont commencé à voyager par groupe de 10, 15, 20… motos via des pistes. En sus des motos, il y a les automobilistes qui empruntent des pistes de charrettes, mais aussi les camionneurs qui embarquent des passagers dissimulés sous des stocks de marchandises. Des engins agricoles qui usent du même procédé. La Gendarmerie compte renforcer la surveillance avec un projet de mis en branle de drones de surveillance de haute portée», révèle le Colonel Papa Diouf, chef des services du Poste de commandement opérationnel.opérationnel.
IGFM