La justice américaine est en train de boucler l’enquête sur les pratiques potentiellement anticoncurrentielles de Google dans la publicité. Pour un éventuel procès dès l’automne ?
L’enquête est menée depuis juin 2019 par le département de la Justice ainsi qu’une cinquantaine de procureurs généraux sous la houlette de celui du Texas, le républicain Ken Paxton. Elle s’est notamment concentrée sur les outils technologiques de Google, essentiels dans les relations entre éditeurs et annonceurs.
Selon le quotidien économique The Wall Street Journal, la justice américaine cherche à savoir si Google abuse d’une position dominante vis-à-vis de ses concurrents et utilisateurs. Ainsi, 90% des recherches en ligne se font à l’aide de Google et surtout 70 à 75% des recettes publicitaires liées aux recherches vont dans la poche du fleuron d’Alphabet.
L’ombre de Microsoft
L’affaire Google ressemble en tous points à celle de l’empire Microsoft. En imposant dans le secteur de l’informatique personnelle son système d’exploitation Windows, l’entreprise de Bill Gates avait exclu de fait toute concurrence, notamment celle des logiciels libres ou open source. Pour cela, le groupe avait été la cible des autorités de la concurrence des deux côtés de l’Atlantique dans les années 1990 et 2000, avec un procès aux Etats-Unis et une série de contentieux qui avaient débouché sur de lourdes amendes en Europe. Par ailleurs, pour éviter le procès intenté par AOL-Time Warner, propriétaire du navigateur web Netscape, Microsoft, accusé d’avoir favorisé son Internet Explorer, a accepté de payer 750 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites.
A l’instar de Microsoft, Google s’est imposé au fil de ces dernières décennies comme l’un des géants de la tech. Mais ses pratiques anticoncurrentielles dérangent et intéressent de plus en plus la justice. En Europe, le groupe s’est fait épinglé trois fois en l’espace de deux ans. La dernière remonte à mars 2019 lorsque l’UE l’avait sanctionné d’une amende de 1,49 milliard d’euros pour abus de position dominante de sa régie publicitaire AdSense. Cette amende faisait suite à celle de 2,4 milliards d’euros infligés en 2017 dans l’affaire Google Shopping, et à celle de 4,34 milliards d’euros en 2018, liée au système d’exploitation Android.
Sanctionné en Europe, Google s’est retrouvé dans le radar des autorités fédérales. Jusqu’ici le moteur de recherche a échappé au procès. En 2012 et 2013, le groupe avait signé des accords à l’amiable, moyennant finance, avec la Federal Trade Commission (FTC, régulateur américain du commerce) et avec 38 Etats américains pour mettre fin à des poursuites sur différents aspects de ses activités. Depuis, nombreux étaient ceux qui demandaient à la FTC de rouvrir le dossier. C’est désormais chose faite. Selon le procureur général Paxton, l’enquête contre Google pourrait déboucher sur un procès dès l’automne.
Avec RFI