Trouveront-ils, et qui trouvera le premier ? Le monde entier est suspendu aux avancées des chercheurs en quête d’un vaccin contre le Covid-19, oubliant parfois qu’il ne suffira pas de le trouver, mais qu’il faudra aussi le produire en masse. A lui seul, le laboratoire Sanofi vise un milliard de doses, qui devront être fabriquées et conditionnées. Dans le jargon pharmaceutique, on appelle « fill/finish » cette étape, qui consiste à remplir un contenant de produit, à le fermer, à l’étiqueter et à l’entreposer dans un packaging.
Selon l’option retenue, ce contenant peut être soit un flacon unidose ou multidose dont le praticien extraira le vaccin au moyen d’une seringue (c’est le choix le plus répandu), soit une seringue préremplie soit un stylo. En cas de pandémie, ce processus automatisé requiert la mobilisation d’un grand nombre de chaînes d’assemblage, ainsi que des stocks importants de flacons, de bouchons et de seringues. « J’ai entendu à de multiples occasions que les capacités de fill/finish risquaient de ne pas être suffisantes pour tous les vaccins Covid-19 qui pourraient être produits, confie Marie-Paule Kieny, virologue et ancienne sous-directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est un problème qu’aux Etats-Unis le consortium Rapid [Rapid Aseptic Packaging of Injectable Drugs] essaie de résoudre. »
Rendu public mi-mars, ce partenariat, indépendant des laboratoires pharmaceutiques, a été noué entre le département américain de la santé et des acteurs privés pour pallier la faiblesse de l’outil industriel de fill/finish. A ce jour, les Etats-Unis n’ont pas les capacités pour produire des flacons et des seringues en grande quantité. Entre 500 millions et 1 milliard de dollars (entre 448 millions et 896 millions d’euros) devraient être réunis pour bâtir un réseau de sites dédiés sur le territoire national.
Cependant, au lieu de remplir des flacons en verre, comme c’est la norme, les 30 machines verseront le vaccin dans des dosettes individuelles en plastique Blow-Fill-Seal (BFS), un contenant notamment utilisé pour les gouttes oculaires. Chaque unité contiendra l’équivalent d’une dose et sera conditionnée avec une aiguille à clipper sur le tube en plastique. « Ces seringues préremplies peuvent constituer une base technologique mondiale, surtout lorsque les besoins sont massifs », estime Marc Koska, cofondateur de l’entreprise américaine ApiJect, qui a mis au point le dispositif.