DES HABITANTS DE NGOR FONT VALOIR LEUR DROIT À « UN HABITAT DÉCENT’’

Des populations de Ngor, arguant que des zones résidentielles de cette commune sont bâties sur d’anciennes terres agricoles des paysans de cette partie de Dakar, appellent l’Etat à travailler à rendre effectif leur droit à ’’un habitat décent’’, face à l’ampleur de la spéculation foncière.

« Nous adressons aux autorités notre demande pour l’octroi d’une zone de recasement et des équipements conséquents, et nous osons espérer que cette fois-ci, les autorités prendront en considération notre requête en donnant satisfaction à notre demande légitime », a déclaré Bamar Samb, un de leur porte-parole.

M. Samb animait lundi un point de presse sur cette question, au nom des populations et chefs de village de Ngor.

Les échanges avec les journalistes ont porté en particulier sur la spéculation foncière sur le littoral et l’affectation des terres après la délocalisation de l’aéroport Léopold Sédar Senghor.

Il est revenu sur les « scandales sur la gestion du foncier » dont la presse sénégalaise fait état depuis quelques jours. « Du littoral de Dakar, en passant par Ouakam, Ngor, Yoff, la bande côtière avec ses filaos et la forêt de Mbao, rien n’est épargné », a-t-il déclaré.

Pour Bamar Samb, les habitats résidentiels de Ngor sont bâtis sur d’anciennes terres agricoles des paysans de ce village traditionnel situé dans la capitale sénégalaise.

« Le village traditionnel de Ngor devenu commune depuis 1996, n’a été ni restructuré, ni aménagé, alors que les réserves foncières s’épuisent. Il est devenu aujourd’hui un ilot entouré de 17 zones résidentielles et de lotissements situés à l’est de la commune. Ngor est devenu un ilot dans des zones résidentielles », a insisté Bamar Samb.

Selon lui, en conséquence, la densité de la population du village traditionnel de Ngor est devenue « la plus forte du Sénégal », une situation à l’origine de problèmes « criards » en termes d’assainissement et de canalisation par exemple.

S’y ajoute que du fait de ces problèmes et d’autres liés à la pollution, la zone de reproduction halieutique est gravement atteinte, a-t-il souligné.

« Devant la révolte de la population contre l’épuisement de son patrimoine, les autorités coutumières ont très tôt saisi l’Etat du drame qui se produisait sans résultats. Cependant, les espaces libérés (864 hectares) avec la délocalisation de l’aéroport Léopold Sédar Senghor depuis 2006 (…), auraient pu être l’occasion pour l’Etat de rectifier le mal déjà trop grave fait à la population, c’est-à-dire la dépossession de leurs terres », a dit Bamar Samb.

Les réserves existantes devraient permettre une possibilité d’acquisition de zones d’extension pour l’habitat, des équipements publics ainsi que la réalisation de projets socio-économiques et culturels, a-t-il ajouté.

A l’en croire, la promiscuité induite par les difficultés rencontrées par les habitants de Ngor pour accéder à un habitat décent, est à l’origine d’autres maux tels que la consommation de la drogue, la prostitution, le banditisme, l’échec scolaire, etc.