Les électeurs russes ont ouvert la voie à un maintien de Poutine au pouvoir jusqu’en 2036 en approuvant à une écrasante majorité un projet de réforme constitutionnelle, même si les détracteurs du président russe dénoncent une fraude massive.
Les résultats officiels publiés jeudi, après le comptage de la totalité des bulletins de vote, ont montré que Poutine a facilement gagné le droit de se présenter à nouveau pour deux mandats de six ans après la fin de son mandat actuel en 2024.
La Commission centrale des élections a indiqué que 77,9% des électeurs russes avaient soutenu le projet de réforme constitutionnelle, avec un taux de participation de 65%.
Ella Pamfilova, chef de la Commission centrale des élections, a assuré que le vote avait été transparent et que les fonctionnaires avaient tout fait pour assurer son intégrité.
Alexeï Navalny, un opposant politique au régime, juge pour ce part que ce scrutin est illégitime et illégal et taillé sur mesure pour assurer une présidence à vie à Vladimir Poutine.
“Nous ne reconnaîtrons jamais ce résultat”, a-t-il déclaré à ses partisans dans une vidéo.
Agé de 67 ans, le président russe pourrait ainsi théoriquement rester au pouvoir jusqu’à 83 ans.
Le gouvernement a encouragé les électeurs à soutenir cette réforme, qualifiée de “coup d’Etat constitutionnel” par ses détracteurs, en leur promettant par tirage au sort des appartements et en organisant des campagnes de communication autour d’autres sujets populaires soumis au même référendum comme le maintien des retraites et l’interdiction de facto des mariages homosexuels.
L’Etat a également versé sur ordre de Vladimir Poutine une prime de 10.000 roubles (125 euros) aux parents au moment même où les Russes se rendaient aux urnes mercredi, dernier jour de ce scrutin étalé sur sept jours en raison du coronavirus.
L’épidémie a par ailleurs empêché les opposants d’organiser de grandes manifestations contre cette réforme. À Moscou, seul un petit groupe s’était rassemblé mercredi symboliquement sur la place Rouge.
Vladimir Poutine, dont la longévité au pouvoir est la plus importante depuis Joseph Staline, n’a pas officiellement annoncé qu’il serait candidat à sa propre succession, ce qui ne fait toutefois guère de doute pour ses opposants.
Selon le centre indépendant d’étude de l’opinion publique Levada (Centre Levada), le président Poutine reste populaire, avec 60% d’opinions positives, un chiffre toutefois très en deçà du record de près de 90% qu’il a atteint dans le passé.
Golos, une organisation non gouvernementale de supervision des processus électoraux, a constaté de nombreuses irrégularités lors du vote et a déclaré qu’elle ne serait pas en mesure de confirmer la véracité des résultats.