Initialement prévue en 2022, la 4ème édition des Jeux Olympiques de la Jeunesse a finalement été reportée à 2026.
En raison de la pandémie Covid-19, le président du CIO Thomas Bach a accédé à la requête du chef d’État sénégalais Macky Sall pour décaler la tenue de ce premier évènement olympique sur le sol africain.
Mamadou Diagna Ndiaye, président du Comité National Olympique et Sportif Sénégalais, défend cette décision dans uen interview accordée à Babacar Diarra.
Le report des JO de la Jeunesse à 2026 a pu surprendre. Comment en est on arrivé à cette décision?
C’est la preuve de la solidité du mouvement olympique et du travail en équipe. Toutes les hypothèses de travail étaient sur la table : continuer, ne pas continuer…
La seule hypothèse non envisageable était l’annulation parce qu’il s’agit d’une première en Afrique. Le Président de la République a eu plusieurs visio-conférences avec Lausanne (Siège du CIO) où on a tâté le pour et le contre.
La seule date possible c’était 2026 parce que toutes les dates sont occupées : Tokyo a été renvoyé à 2021, les Jeux d’hiver en Chine en 2022, il a les JO à Paris en 2024 et ceux de LA en 2028. Ça permet à l’Etat de redéployer sa participation dans la lutte anti-Covid.
Ce report de quatre ans a-t-il été imposé par Macky Sall ?
Pas du tout, le CIO est une institution totalement indépendante. Tous les Comités Nationaux Olympiques d’Afrique et du Monde ne dépendent pas des Ministères du Sport mais de Lausanne. Tout a été concerté avec la visioconférence et évidemment avec l’équipe ici au Sénégal.
Quatre ans, ça signifie qu’il y aura 8 ans entre le choix du Sénégal et la date de l’évènement. Ça fait beaucoup…
L’agenda olympique n’est pas mathématisable. 2020, c’est une parenthèse. 2021 va être une année d’ajustement aussi bien sur les plans économique, social, sportive. Tout a été déréglé, même les fédérations internationales. Imaginez Roland Garros a été déplacé en septembre, le mythique Wimbledon annulé purement et simplement. Il faut commencer à compter à partir de 2022.
Nous, ça nous donne une possibilité d’associer encore plus les populations de l’intérieur à notre projet olympique. Comme c’est une première en Afrique et aussi une première post-Covid, nous ne pouvons pas ne pas bien réfléchir et réussir.
Il y a-t-il une motivation politique derrière cette décision?
Le mouvement olympique est totalement apolitique. Mais que ce soit en Gambie, en Chine ou aux Etats-Unis, vous ne pouvez pas mettre de côté les dirigeants.
Il y a forcément une participation de l’Etat pour la sécurité, la propreté, un certain nombre de postes régaliens. Donc on travaille en symbiose et le Président sénégalais aime le sport. Il nous a rendu visite à Lausanne, idem pour Barack Obama ou les présidents français et chinois.
Qu’en est-il des infrastructures sachant que la pose de la première pierre du Stade Olympique de Diamniadio a eu lieu l’an dernier et que certaines enceintes comme le Stade Léopold Sédar Senghor devait être rénové?
Le premier plan que nous avions et qui nous a fait gagner en Argentine c’était de refaire l’existant. Le Président voulait sans doute faire un beau cadeau à la communauté sportive dans son ensemble, olympique ou non olympique, avec l’érection d’un grand stade.
Ça nous permet de « compétir » pour la CAN ou la Coupe du Monde si en ayant les réceptifs qu’il faut comme les hôtels on se met en pool avec d’autres pays comme la Côte d’Ivoire par exemple. Les durées de travaux sont d’environ 17 mois et l’entreprise qui s’occupe de ça nous a rendu en temps et en heure la Dakar Arena.
Ce stade digne des normes internationales ne figure même pas dans notre programme ou notre dossier de candidature mais il est le bienvenu. S’il se termine, il n’y a pas de raisons qu’il ne s’intègre pas dans notre projet. Le sport est la valeur refuge dans ce monde.
La pandémie avait-t-elle mis du retard sur le projet?
Je vais vous étonner mais non. Quasiment tous les quinze jours, avant Covid, une mission du CIO venait sur place et les retours de rapport étaient toujours positifs pour le Sénégal. Ça veut dire que les équipes ont fait le job et j’en profite pour féliciter les environ 130 bénévoles-experts qui nous ont accompagnés.
Pour les jeunes sportifs qui se préparaient pour 2022, il s’agit tout de même d’un coup derrière la tête…
Non, je ne suis pas d’accord. Les jeunes sont le paramètre fixe, notre coeur de cible pour ses JOJ. Tout le reste est variable.
Ce qu’on a trouvé comme plan B, ce sont les Jeux du Lesotho (prévus en 2022). Et il faudra qu’on parvienne ) trouver d’ici 2026 une activité pour meubler avec la jeunesse du pays voire des pays voisins afin d’avoir une sorte de galop d’essai et de maintenir cette flamme. Enfin, en 2028, ces jeunes auront atteint leur majorité et pourront viser les JO de Los Angeles.
À Tokyo, on parle de faire en 2021 des Jeux Olympiques plus petits que l’événement envisagé en premier lieu. En sera-t-il de même pour les JOJ de Dakar?
Je ne pense pas qu’il y aura moins d’athlètes mais peut être moins de monde et de spectateurs. Si demain un vaccin est découvert, ça rebat les cartes. Ils envisagent de revoir les conditions d’accès sur le territoire japonais ce qui est normal même nous on l’aurait imposé. Mais les athlètes restent le coeur de cible.
Auteur : Bbc