La justice administrative a validé ce mardi 27 octobre la décision concernant la fermeture de la grande mosquée de Pantin, décidée par la préfecture. Les autorités reprochent à l’établissement d’avoir partagé sur les réseaux sociaux une vidéo montrant le père d’une élève appeler à une réponse contre Samuel Paty, professeur à Conflans-Sainte-Honorine tué par la suite.
Alors que ce lieu de culte fréquenté par environ 1 300 fidèles est fermé depuis mercredi soir pour « une durée de six mois », selon un arrêté délivré par le préfet de la Seine-Saint-Denis, son imam Ibrahim Doucouré, a décidé dimanche 25 octobre de se « mettre en retrait ». Cela avant la décision de la justice sur le recours formé contre la fermeture de cette mosquée qui a finalement validé la décision de la préfecture.
Accusé par les autorités d’être « impliqué dans la mouvance islamiste », Ibrahim Doucouré l’a annoncé dimanche soir sur Facebook : « Soucieux de l’intérêt des fidèles et de la pérennité de la mosquée, j’ai décidé, ce jour, de me mettre en retrait de mes activités ».
Sa décision a été confirmée à l’AFP par le responsable de la mosquée et de la Fédération musulmane de Pantin, M’hammed Henniche, dont l’organisation est à l’origine du recours contre la fermeture de l’établissement.
« Personne ne pouvait imaginer ce qui allait se passer »
Selon la défense de M’hammed Henniche, cette fermeture est injuste et n’intervient que parce que les autorités veulent « faire de la mosquée de Pantin un symbole des mesures gouvernementales dans la lutte contre le terrorisme », explique Me Vincent Brengarth.
« Liens avec le salafisme »
Les autorités reprochent à cette mosquée d’avoir partagé sur sa page Facebook, le 9 octobre dernier, une vidéo montrant le père d’une élève de 4e du collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) indigné par un cours sur la liberté d’expression dispensé les 5 et 6 octobre par Samuel Paty, ce professeur qui a ensuite été assassiné le 16 octobre.
La préfecture et le gouvernement ont justifié cette décision par les « liens avec le salafisme » qu’entretient la mosquée, sa fréquentation par « des personnes impliquées dans la mouvance jihadiste » et la personnalité trouble de Ibrahim Doucouré, selon l’arrêté. Formé pendant deux ans dans un « institut fondamentaliste » au Yémen, rapporte l’ordre de fermeture, cet imam a également scolarisé trois de ses enfants dans une école clandestine à Bobigny.
Pour l’autre avocat de la défense de M’hammed Henniche, Me William Bourdon, « cette fermeture est absolument paradoxale »