Mouhamed Diabang a apparemment visionné beaucoup de films. Hier, il comparaissait à la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar pour homicide volontaire. Il a abrégé la vie de son chef de chantier quand celui-ci a refusé de lui payer son salaire. Ne s’arrêtant pas là, il l’a enseveli, s’est emparé de ses biens avant de quitter les lieux. Il risque la perpétuité.
Les faits pour lesquels le nommé Mohamed Diabang était à la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar se sont déroulés en 2016. Pour défaut de payement de son salaire journalier, l’accusé avait eu une altercation avec son chef de chantier, Abdou Dione. Lors de la bagarre, il avait administré à ce dernier un violent coup de brique au niveau de la nuque. diminué par le coup, la victime s’affale et son bourreau l’achève avec trois coups de pelle. Et pour en finir définitivement, il l’enterre dans son lieu de travail avant de s’emparer de son téléphone portable et de sa pochette qui contenait 1500 francs.
Mardi, devant la barre de la chambre criminelle de Dakar, il a reconnu sans se faire prier les faits. Pour sa défense et dans l’optique de justifier son crime, il soutient qu’il avait peur car son chef était plus fort que lui. Tout de bleu vêtu, visage triste laissant apparaître sa barbe bien taillée, le prévenu a reconnu les faits sans ambages. « C’est vers 7 heures que mon chef m’a ordonné de faire entrer le ciment dans le bâtiment. Ce que j’ai fait en lui faisant savoir que j’avais besoin de mon argent. Il m’a répondu sur un ton assez sévère. Ce qui m’a fait penser qu’il n’allait jamais me payer », confie le prévenu.
Poursuivant son récit, il explique s’être battu avec la victime. « Il m’a donné un coup et j’ai compris qu’il était plus fort que moi. Par instinct de survie, j’ai attendu qu’il me tourne le dos pour l’assommer avec une brique. Et à l’aide d’une pelle, je lui ai administré des coups à la nuque à trois reprises. Je voulais m’assurer qu’il était bien mort. Après, j’ai creusé dans le chantier pour l’enterrer » confesse le maçon.
Devant ce récit glaçant, toute l’assistance est restée bouche bée. « Comment peux-tu tuer quelqu’un, creuser une tombe et l’enterrer dedans, tu prends de la drogue ? », demande le juge à l’accusé. Avant de lui faire remarquer qu’au moment de son arrestation, il ne présentait aucune cicatrice sur le corps. Ce qui montre que son adversaire ne l’a pas tabassé comme il le prétend. Face à ces interpellations, l’accusé a prétendu qu’il était pris de panique. dans ses observations, le substitut du procureur a soutenu que la mauvaise foi du prévenu ne souffre d’aucun doute. « Les faits sont constants parce que le prévenu a, lui-même, avoué qu’il voulait percevoir son dû. Et c’est au cours de cette discussion avec son chef de chantier que s’est produite une altercation entre eux », relève-t-il.
Montrant le cynisme de l’accusé et son sang-froid, le maître des poursuites a indiqué, parlant toujours de l’accusé, qu’ « il a expliqué s’être penché sur la victime et a pu constater qu’elle était vivante et qu’elle respirait. Il l’a achevée avec la pelle et a traîné le corps sans vie dans la tombe qu’il a soigneusement creusée pour lui ». Ce qui assoit, selon le ministère public, la thèse de l’homicide volontaire. Toutes choses qui font que le ministère public a requis la réclusion criminelle à perpétuité. Quant à la défense, elle a essayé de convaincre la cour que le meurtre était involontaire. Après avoir présenté ses condoléances à la famille du défunt, l’avocat de la défense explique le crime par la panique de son client tout en demandant à la cour de requalifier les faits en faisant une application bienveillante de la loi pénale à Mouhamed Diabang. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour le 17 novembre.
Le Témoin