La victoire du multilatéralisme sur l’unilatéralisme et la vision Iranienne de mettre fin à la course aux armements suite à la levée des embargos sur les armes de l’Iran
Conformément à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations Unies, le 18 octobre 2020 (cinq ans après la ratification de l’accord nucléaire entre l’Iran et la P5 + 1), tous les embargos sur les armes de la République islamique d’Iran ont été automatiquement terminés, et après cette date-là, toutes les restrictions relatives au transfert d’armes à destination et en provenance de la
République islamique d’Iran, ainsi que les mesures et services financiers relatives, et toutes les interdictions d’entrée ou de transit sur le territoire des États membres des Nations Unies, qui étaient auparavant imposées à certains ressortissants et responsables militaires Iraniens, se sont automatiquement terminées.
Selon l’une des dispositions de l’accord nucléaire, la levée définitive et inconditionnelle des embargos sur les armes Iraniens et la fin des interdictions de voyage de certains ressortissants Iraniens ne nécessite aucunement l’adoption d’une nouvelle résolution onusienne ni une déclaration quelconque de la part du Conseil de sécurité de l’ONU. Ainsi, la victoire du multilatéralisme sur l’unilatéralisme est un apport important pour la communauté internationale qui, malgré les efforts contrariés des États-Unis, a résolument soutenu la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que le plan compréhensif d’action conjointe sur le nucléaire Iranien(JCPOA).
Le même processus est envisagé pour la fin des restrictions relatives aux missiles Iraniens en 2023 et la fin complète du dossier nucléaire Iranien au sein du Conseil de sécurité en 2025. La République islamique d’Iran peut désormais se procurer les armes et équipements militaires nécessaires, de n’importe quelle source, sans restrictions juridiques et uniquement sur la base de ses besoins en matière de défense, et peut également exporter des armes de défense selon ses propres décisions politiques.
Il convient de souligner que la pierre angulaire de la politique étrangère de l’Iran est la négation de la domination et le déni de l’imposition d’une volonté étrangère sous quelque forme que ce soit. Par conséquent, l’imposition des restrictions dans n’importe quel domaine, y compris financier, économique, énergétique et d’armement, n’a jamais été reconnue par l’Iran. Cependant, cela ne signifie aucunement que la République Islamique d’Iran vise à entrer dans la course aux armements dans la région du Golfe Persique. Au contraire, l’Iran considère que la course aux armements de la part de certains pays de la région est au détriment de la paix et de la sécurité collective de la région, alors que certaines puissances extrarégionales s’efforcent de militariser la région pour vendre leur armement à des fins lucratives.
Malheureusement, la vente d’armes – principalement entre l’Occident et certains pays méridionaux du Golfe Persique- a considérablement alimenté le conflit et la tension dans la région, comme c’était le cas dans l’agression Saoudienne contre le peuple sans défense du Yémen. Malgré les efforts avortés des États-Unis pour empêcher la réalisation des intérêts de l’Iran prévue dans la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations Unies, les États membres de l’ONU se sont opposés à l’unilatéralisme Américain. La République islamique d’Iran a attiré l’attention de tous les États membres sur les dispositions claires de la Résolution 2231 et son calendrier. Il est évident que toute action contraire aux dispositions de la résolution 2231, en particulier au paragraphe 1 de la résolution, est considérée comme une violation substantielle de ladite résolution ainsi que des objectifs de l’accord nucléaire.
Les États-Unis, dont leurs stratagèmes illégaux et malveillants ont été rejetés à plusieurs reprises par le Conseil de sécurité au cours des trois derniers mois, doivent abandonner leur approche destructrice contre la résolution 2231 et arrêter leurs actes contraires au droit international qui visent à fomenter l’instabilité dans la région de l’Asie occidentale. La République islamique d’Iran se réserve le droit de prendre les mesures nécessaires pour garantir ses intérêts nationaux.
Entre temps, au cours de l’année écoulée, les États-Unis, le régime israélien et certains gouvernements européens (Grande-Bretagne, Allemagne et France) et certain pays de la région du golfe Persique (Arabie saoudite, Bahreïn et Émirats arabes unis) ont prétendu que la levée des embargos sur les armes avait un impact négatif sur la paix et la stabilité dans la région; par conséquent, ils ont exigé la non-levée de l’embargo sur les armes. Alors que selon les sources fiables, ils sont impliqués dans l’exportation et l’importation d’armements.
La communauté internationale doit être sensible à la déstabilisation de la région du Golfe Persique à cause de l’approche mercantiliste de certaines puissances occidentales consistant à vendre des armes sophistiquées à certains gouvernements de la région du golfe Persique. Il n’existe pas de statistiques précises sur le montant réel de dépenses militaires dans la région, mais la plupart des statistiques fiables sont fournies par l’Institut de recherche sur la paix de Stockholm et l’Institut international d’études stratégiques, bien qu’il existe parfois des différences minimes entre les statistiques de ces deux institutions de recherche.
Au Moyen-Orient en général et dans la région du golfe Persique en particulier, le volume des dépenses militaires représente un pourcentage élevé du PIB des pays importateurs d’armes. Étant donné que la plupart des gouvernements du Moyen-Orient, et en particulier des pays méridionaux du golfe Persique, n’ont pas d’industries d’armement indigènes, leur capacité militaire dépend de l’importation d’armes des puissances occidentales.
Les dépenses militaires totales au Moyen-Orient ont augmenté de 34% entre 1999 et 2008, selon un rapport en mars 2020 de l’Institut de Stockholm pour Recherche sur la Paix. Entre 2004 et 2008, 21% du total des importations mondiales d’armes classiques relèvent de la région de l’Asie occidentale. Une tendance qui a également existé entre 1999 et 2003. Cependant, entre 2004 et 2008, le volume d’armes livrées était de 20% supérieur à celui de la période précédente. Il s’ensuit que de 2010 à 2014, les dépenses en armements au Moyen-Orient ont représenté 23% de dépenses mondiales totales.
Au cours des années suivantes, la tendance à la hausse de dépenses militaires au Moyen-Orient s’est poursuivie encore plus fortement, de telle sorte qu’au cours de la période 2015-2019, les dépenses militaires au Moyen-Orient ont atteint 35% du marché mondial. Il est à noter qu’au cours des années 2015 à 2019, dans la liste des pays qui représentent les plus grands importateurs d’armes dans le monde, figure le nom des deux États méridionaux du golfe Persique à savoir l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Le plus grand importateur d’armes classiques de la région de 2004 à 2008 était les Émirats arabes unis, qui représentaient à eux seuls 29,6% du total des importations d’armes dans la région. Pendant cette période, après les pays de plus d’un milliard d’habitants (la Chine et l’Inde), les Émirats arabes unis avec une population de moins de 10 millions d’habitants représentent le troisième importateur d’armes à l’échelle mondiale. Entre 2012 et 2016, les importations militaires des EAU ont même dépassé celles de la Chine, se classant au troisième rang après l’Inde avec une population de plus d’un milliard d’habitants et l’Arabie saoudite avec une population de 35 millions d’habitants.
L’Iran, avec une population de plus de 80 millions d’habitants, est le seul pays qui, de 2012 à 2016, par rapport à 2007 à 2011, a eu une tendance baissière de l’importation d’armes. A vrai dire, l’Iran a non seulement des dépenses militaires bien inférieures à celles d’autres pays voisins, mais également cette tendance a diminué au fil de temps. En fait, la raison principale résidait dans le fait que, pendant cette période, l’Iran était soumis à des sanctions et à des embargos sur les armes de la part des Nations Unies, des États-Unis et de l’Union européenne. Les conflits armés et l’instabilité croissante dans la région ont joué un rôle majeur dans l’augmentation des dépenses militaires et des importations d’armes dans la région du golfe Persique.
Selon l’Institut de Stockholm pour Recherche sur la Paix, l’invasion de l’Irak en 2003 et la présence militaire américaine dans ce pays, les affrontements du régime israélien avec des groupes palestiniens et la controverse infondée sur le programme nucléaire iranien ont été des facteurs majeurs dans l’augmentation des dépenses militaires et l’achat des armements dans la région.
Quant aux exportateurs d’armes vers le Moyen-Orient, les États-Unis sont le plus grand exportateur d’armes vers le Moyen-Orient. 36% du total des exportations mondiales d’armes sont des armes de fabrication américaine.
La France représente environ 8%, l’Allemagne 5,8% et la Grande-Bretagne 3,7% des exportations mondiales d’armes. Ces pays représentent 53% du volume des armes classiques livrées. Entre 1999 et 2003, les États-Unis étaient le principal fournisseur avec 46%, suivis de la France avec 16% et de l’Allemagne avec 8%. Les États-Unis sont un important fournisseur d’armes pour la plupart des gouvernements du Moyen-Orient. La plupart des armes à destination du Bahreïn, d’Égypte, du régime israélien, d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis sont fournies par les États-Unis.
Le plus grand importateur d’armes américaines a été le régime israélien de 2004 à 2008, recevant environ 35% de toutes les exportations d’armes américaines. En fait, 99% des importations du régime israélien provenaient des États-Unis. Les EAU ont également reçu 29,5% de toutes les armes exportées en provenance des États-Unis. En outre, 79% des exportations militaires totales de la France ont été acheminées vers les Émirats arabes unis et 20,5% vers l’Arabie saoudite.
Entre 2013 et 2017, 61% des importations militaires de l’Arabie saoudite provenaient des équipements fabriqués aux États-Unis. Bien entendu, la Grande-Bretagne occupe également la deuxième place avec 23% du total des exportations militaires. La France, l’un des principaux partenaires de l’Arabie saoudite, fournit 3,6% du volume d’armes importées dans la région. Au cours de cette période, en particulier après la guerre de coalition menée par l’Arabie saoudite contre le Yémen, le Canada a également fourni 1,4% de munitions militaires à destination de l’Arabie saoudite.
Remarques de clôture:
Nous constatons que les Etats Unis et certaines puissances occidentales essayent de manipuler et d’instrumentaliser l’instabilité de la région du Moyen Orient comme un prétexte pour accroitre le taux de leurs ventes d’armements. Alors que l’Iran dispose de deux fois plus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis du point de vue de la population et de la superficie, les importations totales d’armes par l’Iran dans la période allant de 2009 à 2018, ne représentait que 3,5% du total des importations militaires de l’Arabie saoudite. Par contre, le chantage contre l’Iran dans la région a, en fait, servi de couverture au commerce lucratif des armes par les Etats Unis et certaines puissances occidentales. Sous prétexte d’accroître la sécurité de leurs alliés dans la région, les États-Unis exhortent la région vers un point irréversible par le biais des exportations incontrôlées d’armes.
Entre temps, la doctrine Iranienne de défense reste basée sur la stabilité de la région, les capacités indigènes et l’évitement de toute agression. Depuis la guerre de huit ans imposée par l’Irak de Saddam contre l’Iran, au cours de laquelle le brave peuple iranien a été victime d’armes de pointe vendues par les puissances occidentales, la République islamique d’Iran a pu subvenir à ses besoins de défense en s’appuyant sur ses propres capacités. Cette doctrine continue d’être l’axe principal de la République islamique d’Iran pour maintenir sa puissance dissuasive de défense. Les armes non conventionnelles, et l’importation aveugle d’armes classiques n’ont pas de place dans la doctrine de défense de la République islamique d’Iran. Le pouvoir de dissuasion du pays repose sur les connaissances et les capacités indigènes et découle de la puissance intelligente et de la résistance du peuple iranien. Dans l’histoire contemporaine, l’Iran n’a jamais déclenché de guerre, et sa stratégie a toujours été défensive.
La levée de l’embargo sur les armes contre l’Iran est survenue à un moment crucial où les États-Unis et certains de leurs alliés empêchent l’Iran de bénéficier des avantages économiques depuis le début de l’administration Trump, et par la suite d’efforts incessants déployés par ce dernier pour empêcher la levée des embargos sur les armes, la vigilance de l’Iran et la détermination de la communauté internationale pour faire valoir le multilatéralisme ont empêché l’administration Trump d’imposer l’unilatéralisme et l’anarchie. Ainsi, la communauté internationale a une fois de plus ouvert la voie à la défaite de l’unilatéralisme américain en mettant l’accent sur le multilatéralisme.