A l’approche des scrutins présidentiel et législatif du 22 novembre, les autorités ont renforcé leur dispositif sécuritaire, tandis que certains partis font appel à des milices.
A quelques jours des élections, les candidats multiplient les meetings à travers le pays, dont un tiers du territoire se trouve en état d’urgence. Voies minées, risque d’enlèvement ou d’attaque ciblée… Certains secteurs restent inaccessibles aux autorités. Le 8 novembre, le chauffeur d’un candidat aux législatives a été tué sur la route de Gorom-Gorom (nord). « Quand vous vous déplacez d’une zone à une autre, vous vous retrouvez dans un no man’s land et si vous ne prévenez pas à l’avance les autorités, ce qui s’est passé pourrait se reproduire », a prévenu Ahmed Newton Barry, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), après l’attaque.
Sur la route cabossée qui mène à Djibo, à chaque fois qu’Aboubacar Dicko aborde le dernier tronçon à partir du village de Namsiguia, son cœur se serre. C’est ici, sur ce bout de piste en terre rouge du nord du Burkina Faso, que son oncle, le député-maire de Djibo, a été tué dans une embuscade il y a un an. Là aussi que le grand imam de la ville a été enlevé par des individus armés puis retrouvé mort, en août. Cette route, les Burkinabés l’ont surnommée « l’axe de la mort ». Il y a quelques mois encore, des groupes armés y imposaient un blocus, contrôlant les pièces d’identité et tuant les fonctionnaires.
Pourtant, malgré la menace terroriste et la peur, Aboubacar Dicko, étudiant de 24 ans et candidat indépendant aux législatives du dimanche 22 novembre, a décidé de battre campagne sur le terrain. Pour « continuer le combat » de son oncle, souffle-t-il : « Il était l’un des derniers élus locaux à être restés à Djibo, je ne peux pas abandonner. Si tout le monde fuit, autant rayer la province du Soum de la carte… »