L’économie sénégalaise, comme mondiale, a été fortement malmenée par la covid-19. A ce jour, les espoirs de croissance du pays reposent sur la production agricole. Fort heureusement, le ministre de l’Agriculture annonce une production record qui pourrait dissiper les risques. Dans cet entretien accordé à iGfm, Moussa Baldé dévoile les prévisions de son ministère.
Bonjour Monsieur le ministre. Quel bilan tirez-vous de l’hivernage de cette année ?
L’hivernage 2020/2021 a été tout simplement exceptionnel. Et cela, à tous points de vue. Du point de vue de la pluviométrie c’est probablement un des hivernages les plus pluvieux depuis les années 50%. En termes de mobilisation de ressources, c’est l’une des campagnes les mieux financées depuis la mise en place du PSE. Enfin nous avons noté un engagement sans précédents des producteurs durant ce contexte de pandémie de la covid-19, ce qui nous a valu un niveau d’emblavures et de diversification de la production sans précédent.
Quel volume de production attendez-vous ?
Avec cet hivernage exceptionnel, nous attendions une production agricole exceptionnelle. Nous sommes en mesures de dire aujourd’hui que nos prévisions de production confortent nos attentes. En effet, la production de céréales de cette année est estimée à 3,8 millions de tonnes soit plus de 1 million de plus que l’an dernier.
Si on prend le cas particulier du riz, nous attendons une production 1,45 millions de tonnes soit 400 mille tonnes de plus que l’an dernier. En ce qui concerne les cultures industrielles, nous attendons pour l’arachide une production de 1,8 millions de tonnes soit une progression de 400 mille tonnes également.
En résumé, je peux vous annoncer que comparé à l’hivernage dernier, notre production céréalières a bondit de 38% et celle des cultures industrielles de 36%.
Le prix au producteur a été placé à 250 francs Cfa pour l’arachide. Quel impact attendez-vous notamment sur le monde rural en cette difficile période de covid?
L’impact attendu est un enrichissement sans précédent du monde rural. En effet si la campagne officielle de collecte arrive à drainer ne serait-ce que 50% de la production attendue, soit environ 900 mille tonnes, c’est au moins 225 milliards de francs cfa qui ira directement dans le monde rural.
La campagne de commercialisation s’ouvre le 23 novembre prochain. Quelles dispositions ont été prises pour qu’elle se déroule convenablement ?
Le gouvernement est en train de prendre toutes les dispositions réglementaires nécessaires pour que nous ayons une bonne campagne de commercialisation.
Des mesures sont-elles prises pour mieux encadrer l’achat de la production par les étrangers (chinois), afin de protéger l’industrie locale ou bien l’Etat laissera le marché libre ?
En ce qui concerne les exportations, je dois préciser que le gouvernement a décidé de taxer l’exportation de graines d’arachides décortiquées. Cette taxe est fixée à 30 frs le kilogramme net. A cela, devrait s’ajouter un cahier des charges clair que tout exportateur devra respecter.
Les derniers espoirs de croissance reposent sur la production agricole. Pensez-vous qu’elle pourra éviter la récession et sauver ainsi la croissance ?
Oui, nous pouvons dire maintenant sans risque de nous tromper que le Sénégal va éviter une récession et ce grâce à une production agricole record
La question de l’immigration fait débat aujourd’hui. L’agriculture attire-t-elle vraiment les jeunes, notamment les chômeurs ?
De plus en plus de jeunes diplômés de nos universités et écoles de formations s’intéressent à l’agriculture. Je l’ai moi-même constaté durant ma tournée de suivi de la campagne agricole. Nous avons dans notre département deux grands projets pour accompagner cette nouvelle dynamique de notre agriculture.
Bientôt vous irez à l’assemblée nationale défendre le budget 2021 de votre secteur. Quelles sont les perspectives pour l’année prochaine ?
Nous sommes déjà passé en commission mixte finance et technique et je suis heureux de vous annoncer que notre budget va progresser de 12% comparé à celui de l’an dernier.