Il se susurre que Famara Ibrahima Sagna, installé en grande pompe il y a de cela quelques mois, a quitté la présidence du Comité de pilotage du dialogue national. Une information qui, jusqu’ici, n’a pas encore été démentie.
Deux arguments de taille ont été avancés : la non-prorogation du délai qui régit l’activité de la structure et l’absence subséquent de budget.
Si cela s’avérait, ce serait la fin du dialogue national qui, en réalité, depuis quelques semaines, se fait de plus en plus adoubé par le dialogue officieux, politique.
En effet, depuis l’annonce du ralliement d’Idrissa Seck au camp présidentiel et la révélation de la longueur des tractations souterraines les ayant précédées, le dialogue national, officiel, avait perdu de son charme. Et Idy n’était pas le seul. La liste étant longue de leaders et de personnalités politiques contactées pour qu’ils rallient la majorité.
Si pour le dialogue national et le dialogue politique, certains résultats et acquis ont pu être engrangés, leur portée n’est rien comparé aux résultats obtenus par le dialogue officieux.
Désormais, Macky qui du reste ne s’en cache pas, est en plein dialogue avec nombre d’hommes politiques pour l’élargissement de sa majorité. Et il était difficile de voir les deux dialogues cohabiter : l’un officiel, l’autre officieux.
Si l’annonce du dialogue national avait surpris tout le monde dans un contexte où il n’y avait aucune crise institutionnelle majeure, la formation du dernier gouvernement a fait comprendre à nombre de sénégalais que Macky était guidé par le fait de former une sorte de gouvernement d’union nationale avec l’entrée de l’opposition. Et que derrière cet acte, il pensait ainsi les convaincre non seulement de travailler pour lui mais aussi politiquement avec lui.
Or, par rapport à cet objectif majeur, quelqu’un comme Famara Ibrahima Sagna ne sera d’aucun apport. L’homme, connu pour son attachement aux principes républicains, ne saurait se reconnaitre dans des manœuvres politiques partisanes.
Le jeu est clair. C’est Macky qui, aujourd’hui mène le dialogue, celui qui l’intéresse vraiment. Et comme il fait des résultats qui dépassent toute espérance, il snobe les acteurs du dialogue national dont la mission ne lui semble plus nécessaire.
D’ailleurs, s’agissant du dialogue politique, nombre de questions vraiment sensibles n’ont pu obtenir consensus. Il a fallu s’en remettre à l’arbitrage du Chef de l’Etat.
Il en est ainsi du statut de chef de l’opposition, de la question du cumul Chef de l’Etat Chef de parti, du bulletin unique, etc.
Si certaines avancées ont pu être notées au niveau du dialogue politique comme l’élection du Maire au suffrage universel direct, le report des locales, l’audit du fichier électoral, etc., il n’en demeure pas moins que le dialogue national a, jusqu’ici, accouché d’une souris.
S’il est impossible de ramener tout le dialogue national au dialogue politique, force est de reconnaitre que dans un contexte de crise sanitaire, de menaces de grèves dans plusieurs secteurs, d’immigration clandestine, de chômage lancinant des jeunes, le dialogue national a brillé par l’absence de solutions alternatives.
Tout se passe comme si l’idée du dialogue a été lancée juste pour régler certaines contradictions politiques dont la plus pressante est le ralliement d’une bonne partie de l’opposition afin d’avoir une forte majorité autour du Président Sall.
Or, nous nous attendions tous à ‘’un pacte social et économique’’ fort parce que consensuel et réfléchi, un document d’une haute portée propositionnelle sur toutes les questions qui pourront faire évoluer notre société.
Malheureusement, la politique politicienne a repris ses droits. Macky a préféré consolider ses acquis par rapport à ses tractations et mettre en place un puissant mécanisme de communication pour vendre son image.
Comme pour la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) dirigée par Ahamdou Makhtar Mbow, le Comité de pilotage du dialogue national s’est rendu compte qu’elle a perdu du temps et s’est fourvoyé en croyant s’inscrire dans une dynamique utilitaire pour l’avenir de la Nation.
Aussi bien du côté du pouvoir que de l’opposition, on fait de la politique. Et c’est tout ce qui importe pour eux.